"La globalisation du pouvoir, c’est comme une guerre contre les gens et leurs maisons, autrement dit, c’est une guerre contre l’humanité.
La globalisation du pouvoir détruit les maisons des gens, disons, les pays et, parfois, elle vient détruire par une guerre. D’autres fois, elle entre parce que quelqu’un de l’intérieur lui ouvre la porte pour qu’elle entre détruire.
Et ceux qui ouvrent la porte, ce sont les politiques, disons, ceux qui commandent dans les pays, autrement dit, dans les maisons des gens. Et alors, les politiques ne servent plus à commander parce qu’ils ne commandent plus par eux-mêmes parce que celui qui commande, c’est l’argent mondial.
Et alors, les politiques deviennent des boutiquiers ou, plutôt, ceux qui ont la charge de la boutique qui était auparavant un pays ou, autrement dit, une maison de gens. Et les politiques ne sont plus bons pour tenir la boutique et il vaut mieux en mettre d’autres qui, bien sûr, étudient et apprennent à être chargés de boutique. Ceux-là sont les nouveaux politiques, autrement dit, les boutiquiers.
Et peu importe s’ils ne savent rien de ce que c’est gouverner mais ce qui importe, c’est qu’ils sachent tenir la boutique et rendent de bons comptes à leur patron qui est l’argent mondial. Alors, dans les pays détruits par la globalisation du pouvoir, il n’y a plus de politiques, il y a des boutiquiers.
Et là, dans les boutiques qui étaient des pays avant, les élections ne sont pas pour mettre un gouvernement, mais pour mettre un boutiquier.
Et alors, ils se mettent à être candidats, autrement dit à se battre entre eux, les gros, les maigres, les grands, les pots à tabac, de couleurs différentes, qui commencent à parler et à parler, et vas-y que je te parle, mais ils ne disent rien du plus important, autrement dit, ils sont tous différents de visage mais ils sont tous pareils parce qu’ils vont être boutiquiers. La globalisation du pouvoir s’en moque alors, si le boutiquier est vert, bleu, rouge ou jaune. Ce qu’il faut, c’est que le boutiquier remette de bons comptes.
Les boutiquiers changent, mais il continue à y avoir un boutiquier.
Et là, dans la globalisation du pouvoir, le monde n’est plus rond comme un ballon gonflé, il crève et à sa place il reste une très grande boutique.
Et les boutiques, comme chacun sait, sont carrées, pas rondes.
C’est comme ça, plus ou moins, que fonctionne la globalisation qui est, si l’on peut dire, comme la « ballonisation »."
Extrait du discours du sous commandant Marcos au forum de l'humanité de 2003.