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Billet de blog 31 juillet 2015

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Quelle confidentialité ?

C’est quoi cette histoire de confidentialité ? Le maître mot maintenant c’est confidentialité, sans doute parce qu’il n’y en a jamais eu aussi peu ; à la banque, à l’embarquement, à l’hôpital, à la pharmacie, à la Mairie, partout où il en faudrait, en fait.

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C’est quoi cette histoire de confidentialité ? Le maître mot maintenant c’est confidentialité, sans doute parce qu’il n’y en a jamais eu aussi peu ; à la banque, à l’embarquement, à l’hôpital, à la pharmacie, à la Mairie, partout où il en faudrait, en fait.

 Pour gagner de la place et peut être aussi du temps, des lignes par terre marquent aujourd’hui les limites de notre vie privée,  ça ne fait pas beaucoup. Derrière elles, on ne peut pas vous entendre, vous êtes protégé, devant non ; merci de respecter la ligne.

 Pour que les murs n’aient plus d’oreilles  ils ont été abattus,  l’ « Open Space » est un espace d’ouverture et de convivialité décloisonnées ; les oreilles ne se cachent plus. Tout doit pouvoir être entendu, tout le monde écoute tout le monde … et de nos effets personnels, rien n’est plus chez nous ; notre compte en banque, nos courriers, nos conversations, nos photos, notre profil ne nous  appartiennent plus, que « Facebookers » et « Clouders » de tous poils se disputent, au motif que tout ça sera plus en sécurité, chez eux : ils s’en portent garants.

Notre espace de confidentialité, ils l’hébergent ! Mais où donc est ce nuage géostationnaire auquel il est suspendu et à qui sont donc ces coffres où nous nous enfermons,  dont Saint-Pierre, vautré sur son « Cloud » garde un double de nos clés, au cas où nous viendrions à les perdre ?

Aujourd’hui « Grand frère » lit tout, voit tout, entend tout ce que nous disons, sait où nous sommes ; les portables ont remplacé les cabines téléphoniques, que nous n’avons plus à chercher, c’est elles qui nous trouvent, nous sommes géo-localisables ;

 La cabine, c’est nous, mais c’est aussi le métro, c’est le bus, nous servons d’oreille à ceux dont la vie a été privée, qui n’existe plus que si elle est ouverte au public, car le réseau urbain est aussi un réseau social : Entre exhibitionnisme et confidentialité, l’intime s’expose : pour l’exposer, il faut en produire ; comble du paradoxe, il faut signer, « accepter » puis « continuer » , puis persister et encore signer… la charte de confidentialité .

  Et le digital-natif fait des photos pour la geek –room des amis qu’il ne connait pas ; à chaque instant il est invité à relancer ceux qui sembleraient ne pas avoir été « actifs » depuis trop longtemps, à lui de leur décliner ce qu’il fait car  il faut tout partager : on like ou on like pas.  Nous sommes devenus l’espace de confidentialité des autres… leur surface d’exposition. Mais à qui profite la frime dont nous sommes les produits ?

 Je me dis que finalement les PTT, ce n’était pas si mal du tout. Au temps où ils prenaient encore en charge le courrier et les Télécommunications, deux personnes pouvaient seulement lire nos lettres et écouter nos conversations : la concierge et nos parents. En livrant la parole et l’écrit au Privé,  l’Etat en a fait un vrai « service Public », au point que certains implorent les Anges gardiens du nuage de les oublier un peu et revendiquent le droit à l’oubli en échange de la mémoire dont ils voudraient se faire un devoir.

  Alors, les Superdata extraites du  supermarché de la confidentialité seront-elles le nouvel or noir des grandes enseignes économiques et politiques, du pouvoir en fait  ?

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