Je grandis dans un monde où l'utopie est devenue folie dans l'imaginaire collectif. Ce monde où les rêves dérivant de la trajectoire mondialiste sont associés à un passé décadent ou encore, à une folie irréalisable. Ce monde considère comme obsolète ce qui fût derrière lui, ce qui l'a amené à ce qu'il est aujourd'hui. L'outil technologique et scientifique est utilisé de telle sorte qu'il accélère notre trajectoire sur cette route droite. Rien n'est à atteindre, tout se fait, se défait, s'oriente et après, nous verrons. La vie se quadrille et s'allonge, s'active dans une grande musique ayant pour but de ne jamais s'arrêter tout en masquant les sons non émis par les Hommes. Nos cousins des tribus et peuplades sont considérées simplement comme une fenêtre sur un passé très éloigné et nous les regardons trop souvent avec cet oeil folklorique empreint d'une condescendance inconsciente et parfois, de cette sensation de supériorité qui a par exemple, anéantie les Amérindiens.
Avec le précieux recul que nous offre l'histoire, qu'avons-nous tirée des leçons de nos faits ? Cette expression est bien trop souvent utilisée de nos jours mais en réalité, nous ne la posons pas de façon sincère. L'humanité offre bien des choses admirables cependant, elle ne cesse de répéter les mêmes erreurs sous différentes formes. De mon point de vue, que je développerai plus en détail dans un autre temps, l'échec principal et récurent des Hommes se trouve au momment où quelques "moi" exaltés absorbent d'autres "moi". Autrement dit, quand l'Homme réagit dans son propre sens, animé d'une volonté de s'auto-sauvegarder au détriment de l'autre. Le "maccro-moi" qui est dans le monde animal, un outil de survie, devient aujourd'hui un mode de vie, une motivation même.
Les grandes divisions résultantes d'un monde qui s'effrite font alors jaillir des consciences à vocation unificatrices. Lorsque les Hommes s'unissent, de tout temps, ils se sont rangés derrière des idées, des drapeaux ou autres. Certains brandissent l'identité, la couleur, le parti, l'histoire commune et j'en passe. Bonnes ou mauvaises causes, ces étendards ne regroupent jamais une majorité des gens, même si certains ponts et alliances sont à constater.
Cependant, il existe bien des bannières assez large pour accueillir chaque être de ce monde. La religion fut une forme de tentatives d'universalité mais par sa pluralité et son caractère métaphysique, ce but reste, humainement, inattegniable. Que reste-t-il alors ? La réponse est sous nos yeux, limpide et présente depuis bien plus longtemps que nos existences. Il semblerait que la conscience collective mêlée à l'expérience du temps se révèle au travers des erreurs de notre temps. Les nouveaux dangers amènent de nouvelles causes qui pourraient amener un nouveau monde. La Culture au sens large doit nous apporter la hauteur nécessaire à la réflexion tout en liant les Hommes dans ce but commun. Ce n'est pas seulement notre existence qui est menacée, c'est aussi la vie en général tout comme notre passé. La folie et l'aveuglement moderne précipite notre fin biologique. Chaque année, le spectre de la vie sur notre planète se rétrécit, les catastrophes naturelles nous avertissent sans cesses sur nos dérives et pourtant, la trajectoire reste aujourd'hui la même. Il faut comprendre que plus notre réaction sera tardive, plus les effets seront présents.
Cette culture au sens large est celle qui transcende les autres. Imaginons qu'elle représente un arbre aux mille branches, le tronc serrait la Terre et le feuillage se composerait de tout ce qui la compose: la nature, les Hommes, les traditions... Notre degré d'évolution nous met face à cette question: Combien de temps nous reste-t-il avant notre extinction ? Il y a deux réponses. Celle qui consisterait à continuer ainsi pour éventuellement coloniser un autre astre ou alors, préserver notre "foyer originel". L'une de ces réponses est faisable, l'autre non.
Alors quand sera posée cette question à l'ensemble du monde ? lequel des deux avenirs préparons-nous: celui de la mort et du chaos ou bien celui de la vie et de l'harmonie ? Posons clairement ensemble, les bases de notre union générale, de l'Homme envers la vie, la planète et l'univers. Ne regardons plus ce qui nous divise, mais plutôt ce qui nous enracine et nous connecte profondément: notre Terre.
Si par ces lignes et ces évocations, commence à naitre cette idée que je partage, ce sentiment et ce fait universel qui nous traverse, à votre esprit se révèle une vérité...
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