New york un soir de juin 2009 à l'angle de la 28 th street et de la 4 th avenue EST. Les taxis jaunes s'écoulent par grappes dans les larges avenues de Manhattan . Aspirée dans ces vastes couloirs à sens unique la circulation est d'une fluidité étonnante. Tout cet environnement par son gigantisme et son grouillement continuel devrait nous écraser. Et pourtant , pour le néophite qui découvre et qui jauge tout devient léger, aérien, surréaliste et presque fantastique. Les cyclistes cotoient les véhicules de très près et filent comme la libellule à la surface de l'eau sur leur machine étonnamment adaptée aux configurations de la ville. La joggeuse toute jeune et toute seule, la mine rassurée, prend un plaisir évident à se faufiler dans une foule devenant de moins en moins compacte avec la nuit qui tombe.
Nous recherchons un troquet pour satisfaire une petite faim. Le choix ne manque pas. Une pizzéria à enseigne italienne retient notre attention. Quelques petites tables le long d'une salle tout en longueur font l'affaire pour s'installer et ainsi profiter de l'ambiance de "Big apple". Mais nous sommes à peu près les seuls, la clientèle ne cesse d'arriver, de commander, d'attendre un court instant puis de repartir aussi promptement.
C'est alors que surviennent , une mére de famille, probablement, avec cinq jeunes filles dont l'âge s'échelonne environ de dix à dix huit ans. Je ne peux qu'être admiratif devant ce tableau rasssurant en plein coeur de Manhattan. La maman aux cheveux de jade ramassés en un discret petit chignon porte une tenue d'une sobriété savamment arrangée . Elle est ,sans recherches exagérées, d'une élégance raffinée. Ses cinq filles , sveltes , à l'allure sportive sont toutes habillées d'un jean et d'un simple tee shirt de couleur uniforme. Mais ce que l'on remarque surtout , ce sont les innombrables petites tresses plaquées selon des lignes parallèles et qui leur rend cet air si sympatique.
Après un court instant d'attente chacune prend possession de sa part de pizza et sans apprêts et sans manières se mettent à la déguster . Mais cette description serait sans intérêt si je ne relatais pas la suite avec son détail. En effet , elles ont pris leur part debout la tenant en suspension par le bout de leurs longs doigts , ont quitté le restaurant et ont continué à manger calmement en marchant dans la rue.
Depuis ce temps je ne peux m'empêcher quand je mange une pizza de les imiter mais avec beaucoup moins de brio.