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Billet de blog 8 octobre 2025

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Apprendre à aimer la vie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"L'homme n'aime pas assez la vie". C'est sans doute pour cela qu'il la détruit. Il y a donc là quelque chose à apprendre et cet apprentissage nécessite une rupture radicale. Apprendre à aimer la vie ce n'est pas rester enfermé dans une pièce à écouter un prof ou à regarder des livres ou des écrans. Apprendre à aimer la vie c'est aller dehors. C'est aller là où sont les vivants par milliers. Apprendre à aimer la vie c'est respirer à plein poumons, c'est marcher, courir, toucher, voir... c'est sortir pour éprouver les choses au contact des arbres, des oiseaux, des fleurs et du vent et de la nuit et de la pluie. Éprouver les choses tous sens en éveil et nous débarrasser du mental, attentif à tout ce que nous ressentons.

Ça passe par les sens

Marguerite Yourcenar disait : " L'homme n'aime pas assez la vie, aussi parce qu'on ne lui pas appris à aimer la vie. On lui a appris à aimer les choses. On ne lui pas appris à se lever le matin en disant : "Quelle belle journée tout de même." Il faut vivre dans le monde réel pour pouvoir dire cette simple phrase. Il faut être au contact... un peu connecté... et cette connexion c'est par les sens qu'elle passe. A l'intérieur on apprend à aimer les choses et à l'extérieur, dehors on apprend à aimer la vie. C'est d'un grand inconfort pour l'enseignant à l'ancienne qui prépare tout et aime tout maitriser de sa séquence pédagogique. Ce pédagogue à l'ancienne qui, comme son institution, a horreur que les choses lui échappent... Cela me ramène à un souvenir...

dans l'abstraction du monde.

"Buses, buses, buses... parade nuptiale de buse" C'est ça que je me suis écrié en pointant le ciel du doigt où deux rapaces s'adonnaient dans l'air à une chorégraphie très caractéristique du mois d'avril en Cévennes. C'était les vacances de Pâques et j'étais formateur d'un stage BAFA. Il faisait beau et les stagiaires et nous étions rassemblés dans la cours pour une mise en commun. Chaque groupe proposait sa restitution des travaux qu'ils avaient mené sur plusieurs jours... Un groupe était en pleine présentation quand, cassant tous les codes, je me suis écrié, comme tout naturaliste qui sait que le spectacle rare et magique, surtout à ne pas rater, ne va pas durer, : mais regardez c'est merveilleux ... et je me suis retrouvé seul, fusillé du regard par mes collègues sans doute plus experts du dedans que du dehors ... par mes collègues qui pensaient sans doute que rien ne pouvait être plus important que ce que nous étions entrain de faire entre nous les humains dans la plus profonde abstraction du monde... C'était sans compter sur la grâce du vol de deux buses prisent d'amour dans le ciel printanier et la sensibilité d'un naturaliste pour la voir.

Nature éternelle imprévisible

Elles est là, la rupture radicale. On ne sait ce qu'on va trouver quand on va dehors avec un groupe. L'enjeu pour le pédagogue n'est pas de savoir ce qu'on va étudier ce matin. L'enjeu c'est d'être attentif et disponible à ce qui arrive... le vent, les feuilles colorées, les premières orchidées, un chant d'oiseau inconnu, la rencontre d'une grenouille... Ce qui devra être vue, remarqué, observé,, questionné, étudié c'est ce qui intéresse les enfants et très bien si c'est ce qu'on attendait pas. Quand on apprend dehors, c'est priorité à ce qui arrive, c'est priorité à la nature cette éternelle imprévisible.

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