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Le mouvement des Gilets Jaunes a contraint Emmanuel Macron à tenter de réagir en organisant un « Grand Débat National » à compter de ce 15 janvier 2019.
Dans sa lettre aux Français.es, Emmanuel Macron a toutefois souhaité restreindre ce débat, et le circonscrire à quatre thèmes.
Certains thèmes, notamment ceux ayant trait au travail et à la protection sociale semblent ainsi interdits par l’exécutif.
Or, aucun grand débat national digne de ce nom ne peut ignorer les sujets sociaux.
Face à la colère sociale exprimée depuis des semaines, qui n’est pas qu’une colère fiscale, Emmanuel Macron ne peut pas se permettre de ne pas aborder la question du travail, des règles encadrant les relations professionnelles, ou encore de la protection sociale.
Il ne peut de même estimer unilatéralement, face à un mouvement révélateur de l’envie des citoyen.ne.s de prendre part à la chose publique, que les réformes menées depuis 20 mois en la matière sont les bonnes et ne doivent pas donner lieu à discussion.
En effet, l’esprit de ce débat public, sensé répondre aux aspirations exprimées depuis deux mois, ne peut qu’être galvaudé, dès lors que le Président de la République décide d’en exclure tel ou tel thème.
Son organisation et ses conclusions risquent dès lors de le restreindre à un échange incomplet voire frustrant, dont le terme nous laisse sur notre faim.
Ce d’autant plus que les récentes enquêtes d’opinion placent le pouvoir d’achat, les injustices sociales et les retraites au cœur des préoccupations soulevées par le Français.es. Or, ces thèmes relèvent naturellement de la fiscalité, mais également des domaines du travail et de la protection sociale.
Le mouvement des Gilets Jaunes, et plus globalement les préoccupations des Français.es, justifient donc pleinement l’inclusion des thèmes sociaux dans le débat.
De nombreuses questions se posent en la matière, intéressent les citoyen.nes, et ont souvent une influence fondamentale sur leur quotidien.
Ainsi, de nombreux sujets relevant du droit du travail peuvent et doivent être abordés dans le cadre du Grand débat national, afin d’en explorer collectivement les contours, et de chercher en commun la réponse que notre société souhaite y apporter.
Précarisation du CDI, absence de protection de notre pays face aux licenciements boursiers, égalité femmes-hommes, meilleure prise en compte de la pénibilité pour certaines catégories de travailleurs, participation accrue des salariés à la gestion de leur entreprise, reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle, situation des travailleurs des plateformes numériques, la liste, non exhaustive, de ces sujets, pourrait occuper l’espace du Grand débat à elle seule.
Plusieurs mesures prises par Emmanuel Macron au cours de ces vingt derniers mois doivent également pouvoir être discutées, telles la mise en place des barèmes prud’homaux, qui ont mis fin à l’idée de réparation intégrale du préjudice des salariés licenciés abusivement, et permettent dans bien des cas aux employeurs de licencier à moindre coût, ou l’inversement de la hiérarchie des normes, synonyme de recul de droits pour les salariés.
De même, les thèmes liés à la protection sociale ne manquent pas.
Bien au contraire, de nombreuses questions cruciales se posent en la matière, et sont à ce jour tranchées uniquement sous les ors de quelques cabinets ministériels, le rôle du Parlement se limitant souvent, dans la pratique macronienne du pouvoir, à celui d’une chambre d’enregistrement, dans ce domaine comme les autres.
Financement de la protection sociale, risques pris en charge, réforme des retraites, de nombreux sujets sont sur la table depuis un an, sans être encore réellement résolus.
Pourtant, on ne demande pas leur avis aux Français.es, quand le Grand débat national en serait l’occasion.
Plus que jamais, ce grand débat doit donc être ouvert aux sujets sociaux !
A défaut, le rendez-vous voulu par Emmanuel Macron ne sera qu’un lapin de plus pour les Français.es