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Billet de blog 19 mai 2025

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Microsoft s’associe avec Grok, l’IA controversée d’Elon Musk

La pire idée de l’année ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si l’une ou l’un d’entre vous avait encore un doute quant à la détermination de Microsoft à tout miser sur l’intelligence artificielle, l’édition de cette année de la conférence annuelle Build devrait vite le dissiper. Sans surprise, l’événement a été totalement dominé par Copilot et, plus particulièrement, par les fameux « agents IA ». Avec ce concept, le géant américain entend révolutionner radicalement notre façon d’interagir avec les ordinateurs. Envie de changer un paramètre sur votre bécane ? Faites appel à l’IA. Besoin d’analyser des données sur Excel ? Encore l’IA. Créer un site web complet sans écrire la moindre ligne de code ? Devinez la suite…

Derrière ces promesses alléchantes se cache une ambition démesurée, et la firme de Redmond n’avance pas seul. Jusqu’ici, c’est surtout OpenAI et son célèbre ChatGPT qui accompagnaient l’entreprise dans sa conquête technologique. Mais voilà qu’une nouvelle annonce vient de tomber. Microsoft a décidé, pour le pire, de diversifier ses partenariats. Elle a annoncé qu’elle intégrerait Grok AI, notamment Grok 3 et Grok 3 Mini, au sein de son Azure AI Foundry. Si le nom de ses modèles ne vous dit rien, il provient de xAI, la société fondée par Elon Musk. Oui, ce même personnage dont le réseau social, X aurait reçu de l’argent venant de groupes terroristes. Le milliardaire est connu pour ses frasques et ses provocations, mais ce nouvel accord soulève des questions nettement plus graves.

Le timing de cette annonce est désastreux. Quelques jours à peine avant que Microsoft révèle au grand public cette collaboration surprenante, Grok faisait tristement la une pour avoir propagé des théories complotistes particulièrement toxiques, telles que la négation de l’Holocauste et l’idée absurde d’un prétendu « génocide blanc ». Si ces déclarations étaient isolées, on pourrait peut-être parler d’accidents technologiques. Mais le problème va plus loin, car le chatbot semble avoir puisé ces idées douteuses directement de Musk lui-même.

Selon le New York Times, il s’est mis à défendre activement cette théorie après avoir contredit une affirmation publique du milliardaire à propos des fermiers blancs en Afrique du Sud. Dès le lendemain, l’IA était devenue obsédée par ce thème, l’évoquant même lors de requêtes sans aucun rapport. Elle est allée plus loin encore, semant le doute quant au nombre de victimes juives de l’Holocauste, se déclarant « sceptique » quant aux chiffres généralement admis. L’explication fournie par xAI ? Simple erreur de programmation. Une justification qui ne convainc personne, surtout venant d’une société dirigée par un homme coutumier des polémiques explosives.

Microsoft, aveuglé par son obsession pour l’IA, semble prêt à prendre tous les risques pour asseoir sa suprématie sur le secteur. Mais à quel prix ? Certes, toutes les intelligences artificielles génèrent parfois des erreurs, des hallucinations ou des biais. Mais s’associer à une IA ouvertement influencée par les opinions nauséabondes d’un trublion d’extrême droite, avec tout ce que cela implique de dérives potentiellement dangereuses, est tout simplement irresponsable. Si l’objectif est de gagner en crédibilité, Microsoft pourrait difficilement faire pire choix.

Actuellement, l’étendue du partenariat entre les deux parties reste relativement limitée, ce qui minimise temporairement les risques d’un scandale majeur. Mais qu’en sera-t-il à l’avenir ? L’alliance privilégiée entre Microsoft et OpenAI traverse déjà une période compliquée. Les deux sociétés seraient en pleine négociation difficile, leur collaboration risquant de se fragiliser. Dans ce contexte instable, le risque que Microsoft se tourne davantage vers Grok n’est pas nul. Et il est peu probable que Google, concurrent historique, vienne lui tendre une main secourable.

Si jamais Microsoft décidait de miser davantage sur Grok à l’avenir, les conséquences pourraient être catastrophiques. Après tout, l’IA d’Elon Musk n’a clairement pas fait preuve du sérieux nécessaire pour mériter une place dans un projet aussi important. En s’associant, la firme de Redmond prend le risque de ternir non seulement sa réputation, mais aussi celle de toute l’industrie de l’IA. Au final, tout ceci n’est pas simplement une mauvaise idée, c’est une faute stratégique incompréhensible. Microsoft devrait rapidement prendre conscience que jouer avec le feu peut non seulement brûler ses ambitions d’innovation, mais aussi détruire définitivement la confiance du public dans l’intelligence artificielle. Espérons simplement que l’entreprise s’en rende compte avant qu’il ne soit trop tard.

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