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Billet de blog 25 avril 2025

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Unissons nos efforts : l’aide internationale à l’épreuve des coupes budgétaires

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Nous faisons dos au précipice. Il n’est pas temps de reculer.

Les vingt dernières années ont été marquées par un progrès fulgurant sur la question de l’aide internationale, et toutes les avancées viennent d’être remises en jeu. 

En 25 ans, le nombre de cas de polio estimés est passé de 21 000  à 4 000 [1]. Les décès dus au SIDA ont été divisés par 5 [2]. Les morts de la tuberculose ont baissé de 36 %. [3] Ce progrès aurait pu durer jusqu’à l’éradication de chacune de ces maladies, ouvrant la voie à un monde libéré de ces souffrances.

Jusqu’à ce que les États-Unis décident, du jour au lendemain, de couper l’aide internationale. Le budget de 2024 ne représentait que 0.2% de leur Revenu National Brut, bien loin des 0,7% recommandés par l’ONU [4]. Ce qui n’a pas évité à 90% des programmes de disparaître, avec des conséquences désastreuses : 14% du budget de l’USAID était consacré à l’éradication du VIH, le virus responsable du SIDA. Le programme PEPFAR, un programme clef dans les activités de l’USAID, était une des interventions motrices derrière la réduction spectaculaire de cas de VIH dans les pays à faible revenu. Aujourd’hui, c’est plus de 23 000 morts d’adultes et 2 500 morts d’enfants qui sont imputables à la suspension de ce seul programme [5].

Les autres pays européens ne sont pas en reste : la France a drastiquement réduit son soutien de 37 %, Pays-Bas de 30 %, le Royaume-Uni de 40 %, et cela s’est fait dans une indifférence générale face aux milliers de décès engendrés [6].

En 2024, l’aide internationale en France représentait 0.5% du Revenu National Brut [4], déjà en dessous de l’objectif de l’ONU, et les baisses annoncées risquent d’affaiblir la position de la France sur la scène internationale sur ce sujet clé. En tant que citoyen français, je suis fier que mes impôts soient utilisés de cette manière. Il n’y a, à mes yeux, aucune meilleure cause à soutenir.

Une des raisons pour lesquelles de petites sommes peuvent avoir un impact colossal réside dans le fait qu'un euro a bien plus de valeur dans les pays les plus pauvres que dans les pays riches. Par exemple, des traitements que nous considérons souvent comme acquis – tels que le vaccin contre la polio – ne coûtent souvent que quelques euros. Pour le prix d’un café en terrasse, nous pourrions vacciner plusieurs enfants contre des maladies potentiellement mortelles.

Unir nos forces est essentiel pour défendre l’aide internationale. Voici ce que vous pouvez faire :

  • Votez en faveur de l’engagement international : Lors des prochaines élections, informez-vous sur les positions des personnes se présentant aux élections concernant l’Aide Publique au Développement et la coopération internationale. Soutenir des politiques ambitieuses en matière d’aide au développement, c’est agir pour un monde plus sûr et plus juste.
  • Interpellez les personnes qui vous représentent : Les décisions budgétaires sont influencées par l’opinion publique. Envoyez un message à vos responsables politiques pour leur exprimer votre soutien à un financement durable et efficace de l’aide internationale. Plus les personnes en charge des décisions publiques percevront un engagement de la société civile, plus elles seront enclines à défendre ces financements.
  • Sensibilisez autour de vous : Discutez de ces enjeux avec votre entourage, partagez des informations sur l’importance de l’aide internationale et des financements à impact élevé. Plus ce sujet sera visible dans l’espace public, plus il sera difficile de justifier des coupes budgétaires massives.
  • Donner aux organisations déjà identifiées comme hautement efficaces : Des évaluateurs indépendants, comme GiveWell, analysent les interventions en fonction de leur impact sur la mortalité et les maladies évitables.  Au lieu de soutenir des associations selon leur notoriété, donner en se basant sur les preuves et l’efficacité vous permet d’avoir 100 x plus d’impact. [7]


Nous nous retrouvons dans une situation de médecine de guerre, face à des milliers de vies humaines à sauver, devant prioriser lesquelles sauver. Cette situation est inhumaine, mais nous ne pouvons pas refuser d’agir. 

Par exemple, dans les pays pauvres, de nombreuses personnes souffrent de carence en vitamine A. Il s’agit d’une des principales causes de cécité évitable dans le monde. Elle commence par une carence en ce nutriment vital, qui affecte les enfants, en particulier ceux qui vivent dans des conditions de mauvaise alimentation et d'accès limité aux soins de santé. S'il n'est pas traité, un enfant souffrant d'une carence en vitamine A commencera à souffrir de cécité nocturne et, avec le temps, pourra devenir aveugle. [8] Cependant, il existe une solution très peu coûteuse qui permet d'éviter que cette maladie ne se développe. Il suffit de 2 euros, donnés à une organisation efficace, pour fournir des suppléments de vitamine A à un enfant pendant toute une année et prévenir la cécité. [9]

Combien paieriez-vous pour éviter que votre propre enfant ne devienne pas aveugle ? La plupart d'entre nous paieraient 25 000 euros, 250 000 euros ou même plus si nous en avions les moyens. La souffrance des enfants des pays pauvres doit compter pour plus d'un millième de la souffrance de notre propre enfant. C'est pourquoi nous devrions envisager de soutenir l'une des associations efficaces qui prévient la cécité due à la carence en vitamine A. En outre, nombre d'entre nous accepteraient volontiers que l'argent de nos impôts soit utilisé pour s'attaquer à de tels problèmes, surtout lorsque les coûts sont si faibles pour un impact aussi profond. Les dons et l'aide étrangère financée par les impôts peuvent faire une réelle différence dans la vie de celles et ceux qui en ont le plus besoin.

Nous avons accompli des progrès exceptionnels dans la lutte contre la pauvreté et les maladies évitables, et il est impératif que nous ne retournions pas en arrière. La France a la capacité de défendre ses ambitions en matière d'aide internationale. Vous pouvez contribuer à cet effort en montrant votre intérêt pour le sujet de l’aide publique au développement et en soutenant les associations qui utilisent le plus efficacement vos dons.

Sources :

[1]https://ourworldindata.org/grapher/reported-vs-estimated-total-number-of-paralytic-polio-cases-globally

[2] https://ourworldindata.org/art-lives-saved

[3]https://ourworldindata.org/grapher/incidence-of-tuberculosis-sdgs?tab=chart&country=~OWID_WRL

[4] https://ourworldindata.org/foreign-aid-donations-increase

[5] https://pepfar.impactcounter.com/

[6]https://fr.euronews.com/green/2025/03/30/plusieurs-pays-europeens-ont-deja-reduit-leur-aide-au-developpement-avec-quelles-consequen

[7] https://mieuxdonner.org/les-meilleures-associations-ont-un-impact-100-fois-superieur/ 

[8]https://www.who.int/data/nutrition/nlis/info/vitamin-a-deficiency

[9] https://www.givewell.org/international/technical/programs/vitamin-A

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