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Le 13 décembre 2022, de nombreux artistes professionnels sur internet ont montré un vif rejet contre les Intelligences Artificielles génératrices d’images.
Une réaction déclenchée par le site ArtStation, l’un des sites les plus importants pour les artistes professionnels sur internet, qui a récemment mis en avant de nombreuses images générés par des IA.
De nombreux dessinateurs 2D et 3D, ont alors posté en masse l’image ci-dessus et demandé à ArtStation de retirer toutes les images créer par des IA du site.
Ce à quoi le site répondit le 15 décembre « la charte d’usage d’ArtStation n’interdit pas l’usage d’IA dans la fabrication des œuvres postées ».
Depuis 2021 avec la création de l’IA DALL.E par la firme OpenAI, capable de générer une image à partir d’une description donnée. Les IA capables de générer des œuvres artistiques se sont rapidement développées et ont vite pris de l’ampleur.
Une innovation qui a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par certains mais avec une inquiétude croissante par d’autres, notamment les artistes professionnels.
Plusieurs raisons à cela :
1- Internet est utilisé comme canal principal par les artistes pour présenter leur travail, et pour les entreprises pour rechercher de nouveaux artistes à embaucher.
Les images générées par les IA sont vu comme une concurrence déloyale par les artistes dans un milieu déjà très précaire.
2- Les modèles IA sont entraînés sur du matériel soumis à des droits d’auteur. Une IA entraînée sur du contenu existant, générera des images présentant des similitudes, entraînant des problèmes liés à la propriété intellectuelle.
Aujourd’hui, le droit d’auteur est une nécessité vitale pour les artistes qui souhaitent vivre de leur production. Cependant, en transformant les œuvres d’art en marchandise, le capitalisme impose à la création artistique des limites uniquement motivées par la quête de profit.
Une quête du profit rendue difficile par la concurrence monstrueuse à laquelle font face ces artistes. En effet, beaucoup d’artistes sont incités par les entreprises à se plier au statut de freelance (ou auto-entrepreneur). Les entreprises, en considérant leurs travailleurs comme « indépendants » plutôt que comme « employés », évitent toute obligation de formation ou de fourniture d’équipement.
En France selon l’INSEE, 82 429 auto-entreprises ont été créées en 2021, et presque la moitié des freelances, soit 49%, ont entre 25 et 35 ans.
La majorité des freelances se retrouvent alors à travailler plus de 48 heures par semaine, pour un salaire de misère, sans sécurité de l’emploi, sans congés payés, ni d’accès au chômage.
Cependant, il y a de nombreux artistes freelance qui ne travaillent pas pour une entreprise mais bien pour leur « propre compte ». Ces artistes sur internet sont rémunérés par ce qu’on appelle des commissions : c’est la commande d’une œuvre originale à un artiste par un individu.
Ils sont alors dans une situation proche des petits artisans. Leurs conditions de travail et de vie restent aussi précaires que leurs collègues, la plupart d'entre eux étant obligés de cumuler un second travail pour survivre.
L'intelligence artificielle a donc suscité une inquiétude croissante quant à la possibilité d'un "chômage technologique" pour les artistes, qui seraient rendus obsolètes par les ordinateurs modernes.
Dans les entreprises, il est très probable qu’il y aura une forte réduction du nombre d’artistes embauchés, comme dans toutes entreprises faisant face à la mécanisation de sa force de travail. Les machines à coudre ont amené une réduction drastique du nombre de couturiers, mais il y a toujours une part de travailleurs dans la production.
En effet dans le milieu artistique, ce qui valait la force de travail d'un nombre important d'artiste pourra être remplacé par un seul travailleur gardant une vision et des connaissances artistiques, et sachant utiliser une IA. L'IA est donc utilisé comme un outil, elle permet de réduire le temps de production et le coût d'une œuvre.
Pour le cas des artistes freelance sur internet, leur disparition était inexorable. La plupart d'entre eux ne vivent déjà pas de leur art, seuls ceux qui ont une communauté importante y arrivent mais leur travail se rapproche dans ce cas de celui d'un influenceur. Ils n'ont au final aucune liberté artistique.
De plus la concentration des capitaux sous le système capitaliste a toujours poussé à la fin des petits artisans, qui voient leur petit-commerce écrasé par la concurrence des grands moyens de production.
Les IA n’ont fait que précipiter la fin.
Les IA ont également ouvert un nouveau marché spéculatif.
En octobre 2018, la première œuvre vendue aux enchères réalisée par une intelligence artificielle, la toile Edmond de Belamy, a été vendu à 432 500 dollars.
On retrouve les mêmes conséquences dans le marché de l’art contemporain, où le profit se retrouve encore une fois entre les mains d’une minorité élitiste.
Sous le capitalisme l'art n'est devenu qu'une commodité soumise au marché comme n'importe qu'elle autre objet, et non plus une expression personnelle libre de toutes entraves.
Les IA ne sont donc pas les auteurs de la détérioration de l'art et des conditions de vie des artistes.
Le capitalisme empêche depuis toujours la liberté de création. L'abolition du système de marché est une priorité pour libérer la culture de son encloisonnement et les artistes de l'aliénation.
L'art est par son essence révolutionnaire. Il ne reconnait aucune barrière et doit exprimer librement la sensibilité humaine.