La fille qui vole

– Hé les garçons ! Le ridicule a encore tué.
– Mais qu’est ce que tu racontes ?
– Toi tu ne sais rien, le ridicule tue.
– Tu délires, je me tire.
Il s’en va seul. De toute façon il part retrouver sa sœur, une fille sublime. Elle est à la plage sous le soleil.
– Quoi encore !?
– Hier encore, ce type qui est passé devant le train…raide mort. Mon père est véridique.
– Oui c’est ça et la dernière fois c’était une balle perdue à la chasse.
– Bonne mémoire.
– Le ridicule ne tue pas tout le monde le dit
– Complètement ridicule. Tu es déjà mort mon petit.
– Ce soir nous serons tous insensés et demain nous survivrons.
– Toi tu ne survivras pas.
Il ne fera pas long feu. La bande est en vacances mais n’est pas complètement en vacance. Il s’agit de rester en vie. Un panorama idéal les encercle.
– On va tous mourir un jour. Allons sur le volcan.
– Ouai ça fait longtemps.
– Quand même. On ne croise plus grand monde dans les parages ces temps ci. Elle a raison je crois.
– Je serais déjà mort.
– Peut être en sursis ?
– Justement ! Allons tous sauter !
– Moi je veux voler au dessus de tout ça.
– T’as qu’à rentrer chez ton oncle.
Elle vole au dessus de tout ça et toute la bande le sait bien. Le volcan est loin il est l’heure d’y aller. Finalement ils n’iront pas. Finalement sur la plage tout le monde se retrouve.
– Tu crois que si je t’enterre jusqu’au cou dans le sable et que je te recouvre la tête de sable tu seras ridicule ?
– Stop ! On prend trop de risques.
– Arrête de te prendre au sérieux ! Il faut faire attention maintenant.
– On fait quoi alors ?
– On se dore la pilule, c’est déjà pas mal. Après on verra.
Lui tout le monde l’écoute. Garçons et filles et crabes. C’est le plus riche. Le plus rapide. Le panorama idéal les encercle un peu plus. Il n’y a plus que le son de la plage déserte. La houle est forte. Des dizaines de minutes passent. La fille qui vole se met debout. Je sais qu’elle a peur de l’enfer.
– On n’a qu’à jouer à la roulette russe ! Ça c’est ridicule !
– Mortel plutôt. Va prendre ton flingue, il est derrière mon bureau.
Elle court et disparait sur la gauche. Elle n’a pas trébuché. Tous restent silencieux sous le haut soleil.
Deux dizaines de minutes passeront avant qu’ils ne comprennent. Leurs courses sont inutiles.