Briller par son absence

Il y a une façon de voir si une pratique a son utilité : faire un maximum sans elle. Les personnes qui m'ont déjà lu connaissent sûrement mon attachement à la chance et au rôle essentiel qu'elle peut jouer en politique selon moi. Je remets aujourd'hui cette conviction en jeu en faisant de la politique "hyper-locale".

Cela fait plus d'un an maintenant que je fais partie du réseau social mesvoisins.fr. J'ai créé un groupe nommé Discussions sur ce réseau. Chaque samedi pendant deux heures nous parlons ensemble de sujets divers. Chaque semaine, de nouvelles personnes chapeautent ces discussions.

Je commence souvent nos rassemblements par la tirade suivante : "Une personne anime nos discussions, celle-ci change toutes les 20 minutes au maximum. La personne qui anime peut bien sûr démissionner à tout instant, elle peut même si elle le veut refuser cette tâche. Son rôle est de relancer un ancien sujet ou de lancer un nouveau sujet de discussion ; elle donne la parole à ceux qui la demandent et pose des questions aux personnes silencieuses."

C'est essentiellement tout ce que je dis. Généralement je désigne arbitrairement la première personne qui anime (souvent une nouvelle arrivante) et j'annonce que l'on tourne dans le sens des aiguilles d'une montre. Cela n'a encore posé aucun problème (nos discussions durent souvent deux heures et nous sommes habituellement six d'où les 20 minutes par tête). Dans ce cas la chance reste de côté et je me concentre sur l'essentiel, la rotation du "pouvoir".

Mais je pense toujours que la chance peut avoir un rôle essentiel, même dans les petites assemblées ; par exemple pour désigner la première personne qui anime, pour ensuite apporter un aspect plus dynamique à la discussion, enfin parce que les personnes du même avis ont tendance à s’asseoir physiquement l'une à côté de l'autre.