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Billet de blog 2 mars 2013

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Qui voit venir le Harlem Shake ?

Février, mois du carnaval, un nouveau virus chorégraphique s’installe sur les réseaux numériques. Une mise en danse, à partir d’un personnage d’abord isolé dans son geste, qui gagne les collègues d’un bureau, les étudiants d’un amphi, les lycéens d’une cour de récré, les habitués d’un bar de quartier, la bande d’amis assoupis devant la télé, la famille vaquant à ses occupations respectives…

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Février, mois du carnaval, un nouveau virus chorégraphique s’installe sur les réseaux numériques. Une mise en danse, à partir d’un personnage d’abord isolé dans son geste, qui gagne les collègues d’un bureau, les étudiants d’un amphi, les lycéens d’une cour de récré, les habitués d’un bar de quartier, la bande d’amis assoupis devant la télé, la famille vaquant à ses occupations respectives… Tout un monde se met en mouvement, d’un continent à l’autre, à la vitesse des décalages horaires.

Qu’entend-on ?


Une chanson annonçant en espagnol international « Con los terroristas », qui signifie « avec les terroristes ». Une musique simple en effet pour laquelle il n’est pas central de faire une critique mélomane car l’essentiel n’est pas là.

Le nom de ce mouvement reprend Harlem, lieu mondialement identifié aux afros-américains

Que voit-on ?

Diffusées à la vitesse d’internet, des vidéos se montent rapidement ficelées à partir d’une webcam, ou plus léchées quand des étudiants des beaux-arts s’en emparent.

Des régularités surgissent au milieu d’une large créativité. On rencontre souvent le personnage au casque, fréquemment déclencheur du mouvement. Casqué pour se défendre, prêt au combat ? Mais aussi anonyme au milieu d’autres anonymes revêtant des masques à la façon des Anonymous. Les répressions policières, celles des manifestations contre les sommets internationaux, celles qui ont réprimé et répriment toujours les printemps arabes, celles de Notre Dame des Landes… Bref, les leçons de violentes répressions sont comprises : montrons-nous, affirmons-nous et, en en même temps, protégeons-nous.

On croise des squelettes et têtes de mort, une chimio-thérapie est le théâtre d’une danse frénétique. Comme au carnaval, la fête conjure la mort et ses tristesses.

Le corps ligoté ou emprisonné de bandelettes est une autre figure récurrente, la danse finissant par vaincre les liens qui se défont. Avec des masques en forme d’écran, certaines figures ne laissent pas de place au doute, la critique de l‘aliénation est mondiale.

On voit des corps, presque nus ou travestis à la façon du carnaval, super-héros, salafistes, personnages publics (masculins d’après ce que j’ai observé). La transgression du genre est de mise, barbe postiche, et attributs phalliques pour les filles. En même temps, le sexe est montré et joué : phallus géants, pénétration, caresses, les corps sont en mouvement et en proximité. La sexualité est affirmée collectivement, dans une confusion inhérente à cette activité et une effervescence créative

Dans ces mises en scène la beauté n’est pas de mise, chacun.e y va de son déguisement ridicule, les gros.se.s peuvent être en vedette et, si le mouvement est incontestablement animé par de jeunes personnes, quelques vieil.le.s sont présentes et aussi agitées. La créativité vient du collectif, le sens ne vient que par là.

Que comprendre ?

Là où des commentateurs éclairés ne voient que gesticulation, on perçoit gaieté et énergie. Les cadres choisis pour les films montrent au départ des personnes isolées, plongées individuellement dans leurs activités, souvent face à leurs écrans, et sans interaction avec leurs voisins. L’ambiance plombée nous est familière.

Je voudrais croire ces scénarios de révolution qui présentent un personnage au début isolé, gesticulant et persévérant jusqu’à emporter dans un tourbillon de joie et d'action l'ensemble des participant.e.s jusque là résigné.e.s.

A quand une Harlem Shake bousculant la mise au pas de la majorité pour le profit et la jouissance de quelques uns ?

Rapide tour pour se faire une idée

A la maison : http://www.youtube.com/watch?v=8vJiSSAMNWw&feature=player_embedded

Dans le lycée de Tunis, la vidéo qui a propulsé le Harlem Shake tunisien : http://www.youtube.com/watch?v=KSDJJsvzpbY&feature=player_embedded

La page tunisienne : https://www.facebook.com/pages/Harlem-Shake-Tunisia/179333125517474

La compil : http://www.youtube.com/watch?v=8f7wj_RcqYk

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