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Billet de blog 15 avril 2016

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Les questions du 45 mars

De Jaurès à République, une manifestation soudainement violente l'après-midi. De République à Jaurès le soir, des violences qui interrogent.

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Jeudi 45 mars (14 avril) je pars faire les courses dans mon quartier de Stalingrad (Paris 19) peu avant midi. Interpelée par des sirènes hurlantes, je fais le détour jusqu'au métro aérien où je découvre un nombre impressionnant de cars de police et j'entends au loin la rumeur d'une manifestation. Je décide d'aller voir de quoi il s'agit.

Côté Jaurès, j'observe les jeunes (j'ai appris entre temps qu'il s'agit d'une manifestation lycéenne) qui s'engagent dans la petite rue Bouret. Les manifestants y sont parqués jusqu'à 14h et restent plutôt calmes malgré quelques brèves tensions. La manifestation prévue à 14h s'installe de l'autre côté. La première altercation de l'après-midi est lancée lorsque les manifestants retenus arrivent à sortir de la rue pour rejoindre le cortège : lacrymos, courses et confusion.
Vu le contexte, je rejoins la ligne de SO qui ferme le cortège pour délimiter la zone de manifestation. Nous marcherons plusieurs centaines de mètres à reculons en faisant face aux CRS. Un échange entre ma voisine et un CRS indique que les consignes de "fermeté" leur ont été données, je redoute le suite.
Et pourtant, tout est calme jusqu'à la place de la République, y compris dans la zone sensible du boulevard Magenta comportant banques et agences d'intérim qui furent l'objet en d'autres temps de manifestations de colère. A République peu avant 16h, vu le calme de la manifestation, je décroche pour retourner vaquer à mes occupations interrompues. Petit café réconfortant dans un rue adjacente, et bim, c'est l'émeute sur la place, gaz et matraques.
Que s'est-il passé ? Comment ces jeunes qui ont montré une grande patience pendant qu'ils étaient retenus pendant 2 heures ont ils brutalement changé d'attitude ? Comment ce cortège, vindicatif mais tranquille entre Stalingrad et place de la République a-t-il viré subitement ? Comment interpréter la mise en garde de ce CRS au départ de la manif indiquant que nous devions nous attendre à de la "fermeté" ?
Dans la soirée, je suis proche de la place du Colonel Fabien. Préférant le #MoiDebout de Twitter au programme de l'ORTF, je lis l'annonce d'un périscope (direct filmé) accompagnant une manifestation impromptue. Dans cette étrange situation de voir en direct ce qui se passe à quelques centaines de mètres de moi, je retiens l'annonce du périscopeur Benito Csq d'avoir reconnu des policiers parmi les casseurs (https://www.periscope.tv/utp114/1ynJOmEQnDWKR à 1h05). Sur un autre fil, son collègue Remy Buisine (https://www.periscope.tv/RemyBuisine/1RDGlpEBEwoGL à 50 secondes) annonce avoir entendu de la part des CRS "instructions violence maximum".
Je ne relaterai pas les violences policières qui ont émaillé les manifestations contre la loi travail un peu partout en France. Ni les violences policières récurrentes depuis longtemps dans les quartiers populaires. Mais j'ai cette colère contre les violences policières parfaitement contrôlées par des chefs agréés par les ministres de l'intérieur successifs. Cette colère qui vient de décembre 1986, des tirs tendus en fin de manif aux invalides, de l'assassinat de Malik Oussekine par les voltigeurs de Pasqua. Cette colère qui me fait surveiller les agissements de la police lorsque des lycéens sont dans la rue.
Bernard Cazeneuve, Manuel Valls, François Hollande, vous êtes responsables de ces violences policières.

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