Dans l’océan réactionnaire duquel ressurgissent l’étendard des droits des enfants et la nature éternelle des différences sexuelles… nous sommes quelques un-e-s à ressentir un pressant besoin de hurler.
L'exigence d’égalité des droits a une origine toute simple : le maintien de traitements différents par les institutions justifie la supériorité de l’hétérosexualité par rapport à l’homosexualité. Les violences contre les lesbiennes et les pédés sont cautionnées par l’état français parce qu’il valide la hiérarchie entre les sexualités. C’est peut-être l’expérience continue des insultes et traitements différentiels qui font percevoir l’évidence de ce raisonnement par les gouines et pédés.
Lorsque dans le débat actuel les experts et personnels politiques expliquent pourquoi les gouines et les pédés ne sont pas capables d’élever des enfants, on se marre. Les baffes et les fessées sont-elles exclusivement administrées par des parents homosexuels ? Les violences dans la famille sont-elles réservées aux familles homoparentales ? Les exclusions familiales pour cause d’orientation sexuelle sont elles l’avenir des enfants hétérosexuels de familles homosexuelles ? Il paraît même que l’amour et l’éducation ne suffisent pas pour élever un enfant, il faut absolument le papa et la maman, dixit un expert psy. Alors, les femmes qui galèrent à élever seules leurs enfants parce le papa n’en a rien à foutre, qu’il soit parti ou qu’il joue à la gameboy pendant que maman fait la cuisine, la vaisselle, la lessive, le repassage, le ménage, les courses, les allers-retours à l’école et au judo… sont-elles de mauvaises mamans qui ne laissent pas de place au papa ? A moins qu’il ne s’agisse de la fameuse différence des sexes ? Et si vous croyez que la situation telle que décrite est une outrance, regardez bien les familles hétérosexuelles autour de vous.
Écrire aussi la colère de voir nos copines prendre des risques avec des PMA Thalys ou faites maison. On sait qu’une pratique illégale entraine une prise de risque pour celles qui le font quand même. L’interdiction de la PMA pour les lesbiennes signifie concrètement qu’elles n’accèdent pas à du sperme vérifié côté MST ou qu’elles doivent accepter de prendre des tonnes d’hormones imposées par les cliniques belges. L’interdiction de la PMA pour les lesbiennes implique qu’on ne peut pas prendre part au débat sur la qualité des traitements et les risques qu’ils induisent. Côté financier, cela signifie que les lesbiennes ont le droit de payer cher sans espérer de prise en charge par la sécurité sociale à laquelle elles cotisent.
Les enfants d’homos sont et seront là, y compris par l’adoption de célibataires qui ont menti et de lesbiennes qui ont bricolé une PMA. Alors le choix est simple, maintenir des statuts différents, et donc une hiérarchie, et donc légitimer les violences, ou alors balayer tout ça. Les clauses de conscience, les je-ne-sais-pas-trop-quoi-penser et autre débat national sur la question qui serait indispensable sont des insultes de trop pour les gouinasses et les tarlouzes.
Et puisque nos député-e-s n’ont pas le courage d’affirmer l’égalité, notre colère pourrait nous porter à affronter seul-e-s les réactionnaires patentés ce week-end. Malheureusement, on a l'habitude.
Vous pouvez continuer cette lecture avec l’excellente tribune de Virginie Despentes sur Têtu.