Il pleut sur Reims. Enfin, pas encore mais le ciel est gris. Le calme avant la tempête. Car le 75ème congrès du PS s'annonce houleux. Pour l'heure, seuls les journalistes sont exaltés et excités. Ils s'agitent, courent en tout sens, installent leur dispositif, se perdent en hypothèses et en conjectures. En coulisse, du côté politique, c'est la soupe à la grimace. Ambiance fin de règne oblige. Et le sacre probable de Mme Royal n'arrange rien.
Je ne sais même pas si ce sera la baston annoncée. J'ai l'impression que certains ont déjà rendu les armes. Bertrand (puisque maintenant on s'appelle tous par son petit nom) a beau être poussé par ses copains, le coeur n'y est plus. Il ne veut plus y aller, conscient du camouflet infligé par les militants le 6 novembre dernier. Du côté de ses partisans, grise mine et sourires crispés de circonstance. Bertrand voudrait pousser son fidèle Harlem à se présenter à sa place au poste de Premier secrétaire. C'est sûr qu'avec lui, le PS gagnera en charisme. Car, à en croire moult analyses, il s'agirait désormais de trouver enfin une incarnation aux idées du PS. Les différentes motions ne présentant pas de grande différence sur le fond, il serait normal que le débat porte sur les personnes. CQFD. Sauf que c'est prendre le problème à l'envers. Je n'irais pas jusqu'à dire que le PS n'a pas d'idée. Ce serait excessif, idiot et d'une mauvaise foi patentée. Toujours est-il que les motions,textes indigestes et alambiqués, se réduisent, pour l'essentiel, à une énumération de voeux pieux, une liste de belles déclarations de principes. Sincèrement, après avoir lu ces pensum, il ne reste rien. Et donc rien à incarner. Aucun projet de société, aucune ligne claire.
C'est un problème récurrent chez les socialistes. Souvenez-vous. En 1995, pendant la campagne présidentielle, les Guignols avaient imaginé cette scène hilarante où les ténors du parti, réunis autour d'un bureau, recherchaient par tous les moyens, y compris la fumette, un projet. Eh bien, on en est toujours là et c'est désespérant à force. Bon, je m'arrête là pour le moment. Je vais essayer de voir ce qui se passe en salle plénière. Peut-être que là, les idées vont fuser. On ne sait jamais.