L'heure des adieux a sonné. François Hollande a commencé à faire ses cartons. Il faut faire place nette pour celui ou celle (vraisemblablement, celle. Question de probabilité) qui lui succédera en fin de semaine. Alors, oui, c'est toujours un peu émouvant les au-revoir. Un peu maladroit aussi. Ce soir, François saluait les membres de son cabinet. Avant les adieux à Solférino, demain midi.
Derrière la fenêtre, la silhouette de François Hollande se détache sur les lambris des murs crème de son bureau. La lumière est tamisée alors que dehors, la nuit est tombée et la pluie tombe dru. Ses collaborateurs entoure le futur-ex Premier secrétaire en arc de cercle. Je ne sais pas ce que Hollande leur dit. Merci sans doute. L'exercice est forcément un peu convenu. Il y a les passages obligés. Cela n'empêche pas la sincérité. Et nul doute que cet orateur hors pair a su trouver les bons mots, ceux qui font mouche, font rire ou arrachent une petite larme. Même de loin et sans le son, on peut percevoir tout ce que ce moment charrie de nostalgie.
Quelques accolades, des embrassades. La grande carcasse de Stéphane Le Foll, le directeur de cabinet, s'ébroue. Plié en deux, il sort du cadre. Et se relève, tendant un paquet à François. Le traditionnel cadeau de départ. De loin, toujours, le présent semble être une veste. François l'exhibe, à bout de bras. Offrir une veste alors qu'il vient de s'en prendre une, on ne manque pas d'humour au PS. Car oui, François Hollande s'est pris une veste. Enfin, plutôt un camouflet mais il n'y avait pas de jeu de mot. Il sait, en son for intérieur, qu'il est en partie responsable du carnage actuel, de ce parti à l'agonie. Et il doit être encore bien plus pénible de faire ses adieux avec de tels remords, de partir en laissant derrière soi un champ de bataille dévasté. Que pense François Hollande : "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné" ou "Je m'en lave les mains"? Porte-t-il sa croix ou la joue-t-il à la Pilate? De quoi rêve-t-il maintenant? D'une fin de carrière entièrement dévouée à sa Corrèze bien-aimée ou de 2012? Impossible de deviner ses pensées de l'autre côté de la fenêtre. Seul l'avenir le dira. Au revoir François.