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Billet de blog 8 décembre 2010

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Pays de merde, bande de cons !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tout d'abord, mes plus plates excuses pour le titre : une honteuse opération de marketing, histoire d'inciter l'internaute médiapartiste à lire ce billet. Et à y répondre en m'insultant si ça lui chante. Parce que l'internaute médiapartiste commence à me friser les moustaches avec ses éternels appels à la censure, ses indignations (ici, on dit « alerte ») à répétition et son chantage plus ou moins déguisé du genre : « Comment Mediapart peut-il mettre un tel article à la Une ? » S'il veut se désabonner, l'internaute médiapartiste, qu'il le fasse et qu'il nous lâche enfin le clavier.

Parce que le sujet est grave. Ce sujet, c'est la liberté d'expression dans un pays de merde (je persiste néanmoins) où une bande de cons (et signe par la présente) a eu l'idée géniale de recenser - en légiférant, pour que ce soit plus drôle - tout ce qu'il n'était pas permis de dire afin de ménager les diverses sensibilités de communautés qui méritaient effectivement reconnaissance et respect, mais sûrement pas cette forme d'infantilisation. D'où l'invention des chartes parfaitement débiles qui fleurissent sur tous les sites internet (indispensable précaution juridique, je n'en disconviens pas) puis l'apparition de cette nouvelle race de seigneurs, les « modérateurs », des esprits supérieurs qui se permettent de manier le ciseau, quand ce n'est pas la tronçonneuse, avec la meilleure conscience du monde. L'ennui, messieurs-dames, c'est que la liberté d'expression ne se marchande pas. Elle ne se limite pas non plus, et lorsqu'on la limite, elle cesse tout simplement d'exister.

Suis-je prêt à me battre pour le droit à s'exprimer de M. Faurisson, de Mme Le Pen ou de M. Zemmour et de Mme Lévy ? Autant qu'ils me déplaisent tous, pour des raisons diverses et variées, la réponse est « oui, mille fois oui ! » Car si rien n'interdit de contredire voire de combattre, occulter, censurer et réprimer - un sport national en France, au vu de ce qui s'écrit sur Mediapart - c'est se placer soi-même à un plus bas niveau que les « errements » qu'on imagine condamner.

Un assez drôle « dame-pipi », assené à Mme Roudinesco par le facétieux (et néanmoins profond) M. Boujut, a récemment déclenché une petite tempête essentiellement provoquée, je crois, par le déficit de vécu de certaines personnes, qui n'ont jamais connu les charmantes dames à qui, en des temps révolus, nous remettions nos oboles (dans de petites soucoupes) après être allés soulager nos vessies. S'en est suivi un débat un rien surréaliste dont j'ai néanmoins retiré une certitude : s'il existe un réel besoin aujourd'hui de s'en prendre aux élites, c'est parce que les dites élites, après avoir envahi l'espace médiatique, passent leur temps à insulter le citoyen lambda en racontant absolument n'importe quoi. La réaction aux fuites de WikiLeaks, sans préjuger de rien d'autre, tant cette affaire est complexe, montre de la part de ces élites un attachement au secret des plus suspects. C'est que nous ne sommes plus aujourd'hui au temps de Machiavel, dans un monde où l'immense majorité des gens ne savaient ni lire ni écrire. Dictature de la transparence, dirait Mme Roudinesco. Et s'il s'agissait plutôt d'une soudaine et stupéfiante transparence de la dictature ?

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