Légiférer sur l’habillement est un tenace poncif des dictatures. Et des religions, n’en déplaise à Jésus, Bouddha, Mahomet, Yahweh et à d’autres maîtres du lavage des cerveaux.
La France de mon asile politique commence à trop ressembler aux dictatures que j’ai, hélas, connues : celles de Salazar au Portugal et de Ceauşescu dans le pays de ma naissance. Là-bas, devant l’entrée de l’établissement, la directrice de l’école vérifiait que nos jupes cachaient bien les genoux, que les bas ou collants n’étaient pas transparents et de préférence en molleton blanc. Si ce n’était pas le cas, elle les découpait d’abord avec une lame de rasoir. Si récidive, on était renvoyées. Plus tard, lorsque j’étais déjà prof et que la mini-jupe était passée de mode, une autre directrice d’école m’avait interdit de rejoindre mes élèves pour délit de jupe midi.
Nous avions un tas de raisons de fuir les pays de l’Est. Mais j’aimais trop notre langue, j’aimais mes classiques et je les aimes encore.
Je me suis donc enfuie seulement lorsque le dictateur mégalomane avait décrété, de 1, qu’à la question « Qui tu aimes le plus au monde ? » les enfants doivent répondre « Le Camarade et La Camarade » et, de 2, qu’ils endossent cet uniforme :

outrage absolu à toute sensibilité esthétique.
Et, moi, je voulais être mère…
Laissez-les vivre leur rébellion juvénile dans leurs belles robes longues !
Ne leur prêter pas attention ! Elles s’en lasseront.
Il arrivera ce qui arriva à l’acné de Colin dans L’Écume des jours de Boris Vian :
« Il alluma la petite lampe du miroir grossissant et s’en approcha pour vérifier l’état de son épiderme. Quelques comédons saillaient aux alentours des ailes du nez. En se voyant si laids dans le miroir grossissant, ils rentrèrent prestement sous la peau. »
PS: Soyez, svp, indulgents avec ces confessions de la mémé commère, qui ne verra probablement pas la fin de la macro-connerie.