L’autre soir, à la veille des annonces tonitruantes du chef du gouvernement, sur Arte, dans les 28’ d’Élisabeth Quint, un classique du genre, après la présentation du livre de Delphine Hortvilleur (que j’avais acheté et lu passionnément le lendemain), un plateau mal préparé autour de la légalisation de l’euthanasie m’avait non seulement laissée sur ma faim mais aussi remise en colère.
Un pro, un contre et une noyeuse de poisson chantèrent en toute impunité leurs antiennes plus ou moins hypocrites.
Que le représentant de l’ADMD, un banquier, s’était maintenu entre les limites strictes dictées par son président historique, ne m’étonna pas.
Le nom même de cette Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, pionnière au départ et dont, faute de mieux, je suis membre depuis le siècle dernier, me donne à chaque fois de l’urticaire. Vu la majorité d’intégristes religieux parmi les électeurs, je comprends que, à la naissance de l’asso, il fallait bien recourir aux euphémismes.
Hélas, avant de « quitter la vie sans rancune », il faudrait déjà avoir de quoi vivre dans la dignité.
Parmi les pays qui lui ressemblent, la France fait aujourd’hui figure de troglodyte et de tartufe, puisque ses sujets qui ont la tune et les pistons nécessaires se font depuis longtemps piquer en douceur, sur le sol national, entourés d’une cohorte de parents et amis. Au pire, ils font un dernier voyage pour la Suisse. L’ignoriez-vous ?
Qui a peur d’une Association pour le Droit de Choisir sa Mort ?
Pourtant, ce qui m’avait peiné le plus mercredi soir, c’est le fait que la dame officiante et son aide de camp aient choisit de ne pas souffler mot sur ceux qui, comme moi, faute de loi digne de ce nom, sont obligés de préparer leur suicide dans la solitude la plus totale.
Pourquoi ne puis-je faire mes adieux en toute lucidité, la main dans la main de mon fils ou, au pire, d’une infirmière, ici, à la maison, au moindre coût, et non pas en payant une fortune – que je n’ai absolument pas – et dans une langue étrangère ?
Peur des assassinats par les héritiers ? Foutaise. Ils ne se gênent pas de le faire avec ou sans Léonetti 2.