Une belle entrée, un beau jardin bien entretenu, dans un quartier assez central et très fréquentée, pour cet immeuble de 4 étages et deux sous-sols. Désormais vide et sale. Vide, sauf, sous terre, la petite pièce des formalités administratives. Pleine à craquer. Étouffante. Sans ventilation. Derrière les guichets, un paquet de dames excédées, hurlant sur les malades totalement perdus, comme moi, malvoyante. C’est ça aujourd’hui ton « Centre de Santé » de la rue Vaugirard.
Tu fus la première de ma vie et je te suis restée fidèle.
Je suis partie à la retraite à 67 ans. S’il te plait, ne souffle mot à la Borne bornée.
À l’époque, les enseignants du Supérieur comme moi la prenaient complète à 65 ans. J’ai eu le droit de prolonger le supplice de deux ans pour avoir élevé seule un enfant handicapé et pour des « retards de carrière ».
Ces deux années de travail en plus se sont soldés par un cortège de maladies, qui s’aggravent, ce qui n’est pas de ta faute.
Comme je te faisais grande confiance, c’est à ton Centre de Soins parisien que j’ai confié mes bobos et mes espoirs de jouir de la liberté d’après le devoir accompli.
Et ça s’était bien passé jusqu’à ce jour où les cabinets des médecins ont commencé à se vider les uns après les autres et certains spécialistes sont disparus avec leurs spécialités. Ma bonne généraliste a quitté Paris. (Tenace et patiente comme je le suis, j’en ai dénichée une, tout aussi bonne sinon plus. « En ville », bien entendu.)
Mais ce que j’ai vu et subi hier, quand enfin était arrivé le jour attendu, depuis l’été dernier, de ma consultation ophtalmo – excellente docteure et toujours dans son cabinet – fut du domaine d’un thriller.
Tout n’est quand même pas pourri dans ton pauvre royaume. Je serais rentrée bredouille de l’expédition si l’une des dames débordée de l’accueil souterrain n’aurait pas eu un grand cœur.
Elle m’a prise par la main et m’a emmenée à destination. Merci Madame !