Parce que ça me rappelle trop quelque chose que j’ai déjà vécu.
De Macron à Ceauşescu, un seul pas.
Au départ, pas de soignants pour le citoyen lambda. S’il ne crève pas dans le camion des pompiers qui le ramènent chez lui une, deux, plusieurs fois – manque de « lits » ? – il finira par avaler des médocs, se jeter par la fenêtre ou se trancher la gorge. J’en ai connu, ici, dans la douce France, où l’impossible n’était pas français. On sait comment Napoléon, à qui l’on attribue cette phrase, avait fini par finir.
Pour ce qui est du désert médical, je recommande vivement La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu, 2005, prix « Un certain regard » au Festival de Cannes, prix spécial du jury au Festival international du film de Chicago, nominations au prix du meilleur réalisateur et du meilleur scénario du cinéma européen et au prix du meilleur film étranger aux Independents’s Spirit Awards 2006[1].
Puis, pour trouver du lait au moins pour les petits, il fallait, dans un premier temps, se lever aux aurores et « faire la queue » jusqu’à l'heure du repas. Un mois plus tard, pour le lendemain, la queue commençait à se former dès la nuit tombante. Comme protéines, il n’y avait à acheter que des ailes et des pattes de vieux poulet. Tout de même de quoi, avec un peu de sel, faire une boisson chaude. Les autres morceaux se retrouvaient dans les assiettes de la nomenklatura ou partaient à l’étranger contre de la monnaie sonnante et trébuchante.
J’étais jeune et célibataire. De l’autre côté de l’avenue élégante où j’habitais, il y avait une pâtisserie. Je me nourrissais exclusivement de gâteaux. Bonne chose pour ma ligne, ils furent de moins en moins sucrés.
Ensuite, il a été décrété que, chez « les particuliers », une seule ampoule de 40 watt et dans une seule pièce était autorisée à rester allumée. Mais je n’étais pas encore malvoyante comme aujourd’hui. Et pas besoin de contrôle. Les voisins étaient là pour dénoncer.
Ultérieurement, en plein hiver, adieu chauffage et eau chaude. Mais la vodka polonaise ou russe coulait à flot.
Je me suis enfuie bien plus tard, après un autre décret, celui qui enrôlait, dans une nouvelle organisation politique baptisée « Les Faucons de la Patrie », tous les mômes à partir de 4 ans. Vêtus d’une uniforme déclinée, entre filles et garçons, comme suit : bleue la jupe, bleu le pantalon, chemisier orange, cravate rouge et tricolore, chapeau ou béret bleu, bas blancs ou chaussettes blanches et un écusson de toutes ces couleurs cousu je ne me rappelle plus où. Comble de l’abomination, à l’incontournable question « Qui aimes-tu plus, papa ou maman ? », ces gosses devaient répondre : « Le Camarade et le Camarade ».
Ce fut la goutte remplissant mon verre : je voulais avoir des enfants. Mais je ne suis toujours pas sûre que mon engagement esthétique n’ait pas prévalu.
Aujourd’hui, en France, combien d’enfants, de femmes et d’hommes, parmi lesquels des élèves et des étudiants, ne mangent jamais à leur faim ou ne mangent que des cochonneries périmées et pleines de pesticides interdits ? Combien meurent de froid pour un tas de raisons : le manque d’argent, l’insalubrité des logements et l’incurie des propriétaires et des « pouvoirs publics » ? Et combien encore dorment dans la rue, se nourrissent des poubelles et mendient ? Il y en a partout dans mon quartier du plus grand arrondissement de la capitale.
Enfin et non pas en dernier, La Troisième Guerre Mondiale dit enfin son nom. Mais l’être humain n’étant rien d’autre qu’un loup pour ses semblables, seront écrasés et anéantis toujours les mêmes.
Des syndicats, des associations, « la rue » et parfois même des journalistes télégéniques et des élus plus ou moins désintéressés font leur devoir de désaccord et de protestations.
Ça ne suffit pas, ne suffira jamais.
« Il y a peu de chances qu’on détrône le Roi Macron » me souffle Brassens depuis son nuage.
Peu de chance, mais une quand même: le Coup d’État.
Hélas, en général, le pire est toujours à venir, les 5 Présidents français que j’ai subis, le prouvent.
Mais, vu qu'il n’y a plus, heureusement, de peine de mort ni en France ni dans ma Roumanie natale, qu’est-ce que ça coûte d’essayer ?
[1] https://www.youtube.com/watch?v=V930IzccMXI, https://www.youtube.com/watch?v=lawXiYXxsaE https://www.lemonde.fr/cinema/article/2006/01/10/la-mort-de-dante-lazarescu-dante-dans-l-enfer-des-urgences_729322_3476.html et sur Wikipédia.
 
                 
             
            