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Billet de blog 18 mai 2015

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L'Homme Le Plus Dangereux Des Etats Unit (DuBois)- au Théâtre à New York

MOTS CLES : AMIRI, DUBOIS, VERITES BIEN DITES

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Influençant des générations  au point de changer leur façon d'être, tissant une toile qui maintenait l'essence d'un grand poète, un  éditeur a une certaine suprematie qui marque  Bowery, vivant en accéléré, inspiré du  jazz, cotoyant le mouvement beat, les poètes et les musiciens de jazz. Il est un grand écrivain défenseur des droits des populations dites Noirs qu'il saisit à travers sa poésie, le théâtre; la fiction est toujours cette musique si prope et seule forme d'art de l'Amérique qui mêle les racines du jazz et du blues . Essayiste et auteur de pièces  politiques et sociales de Théâtre, Everett Le Roi Jones  est le vecteur  du sociologue William Edward Burghardt --W. E. B. Dubois.

 
Ce fils de postier est  né avec la destiné d'être le porteur d'une Histoire et  vocifèrer dans  mille lieux les droits des minorités pas respectés dans une Amérique invariablement raciste.  Il plublie des poèmes  avec  Sun Ra, Don Cherry, Albert Ayler, Sunny Murray... Il cotoie  Malcolm X  et Martin Luther King. A la fin des annés 60 Le Roi devient  Amiri Baraka, producteur artistique et prend le lead d'un opéra important avec Chico Freeman et Dee Dee Bridgewater.  Il met à la porté de tous la matière sur les Afro-communautés dans des universités et au début du siècle XXI il fait beaucoup parler de lui avec son poème "Somebody Blew Up America". Amiri Baraka s'est éteint en janvier 2014, et avec beaucoup de tristesse je me suis rappelée que le 31 decembre 2009 dans mon appartement à New York mon telephone sonna, et j'entendis une jolie voix de femme qui me dit : "il semblerait que Cecil Taylor cherche Mr Baraka" ... je dis toujours que NYC n'est pas si grand que ça. En effet un mois auparavant Cecil m'avait dit avant de sortir de mon appartament tard dans l'aube : "get me Baraka"...cet appel donc était très réjouissant.


Cecil parlait abondemment sur Le Roi mais aussi sur  Baraka, car pendant de longues heures, jours et nuits je l'ai écouté parler de l'influence de Le Roi sur le jazz et l'influence du jazz sur Baraka, et comme il souhaitait  se rencontrer à nouveau avec lui et "on stage". J'ai commencé donc à traviller pour que cette rencontre se fasse et j'ai contacté un poète Catalan pour lui proposer le duo ainsi que d'autres venues, et notre aventure a donc commencé. Eté 2010: ca plombe à Barcelone,  nous sommes arrivé un jour avant Amiri et par chance c'etait moi qui devait l'accueillir à l'aéroport;  il ne m'avait jamais vu mais il m'a connue de loin en me désignant du doigt comme il le faisait souvent avec les gens quîl reconnaissait. Il était impressionant de calme avec ses yeux perçants, un sourcil toujours relevé m'ont marqué d'un souvenir indélébile.


J'ai eu l'honneur de passer beaucoup d' heures avec Amiri et de l'écouter parler de beat generation, de politique, de l'Amérique, de Malcom X, du Dr. King, du racisme, de l'assassinat de ses filles, de son grand amour Amina,  de la fondation de ses revues qu'il avait commencées à écrire à l'âge de 10 ans et qu'il distribuait dans son quartier, qui'il avait été un chroniqueur demandé par toutes les revues; de la fois où il a été arrêté, accusé de port d'arme illégal et de rébellion. M'évoquant que lors du procés en appel un juge lui a demandé  : "Mr. Baraka portez vous des armes", il répondit "oui, un crayon dans ma poche"...ca m'a fait rire et ça m'a impressioné. Oui il était impressionant cet homme avec un chapeau en paille. Il savait écouter et chaque fois qu'il parlait les mot portaient très très loin.


La rencontre avec Cecil s'est faite dans le lobby de l'hôtel vers 6h du soir...ce jour là j'ai eu l'occasion de découvrir le talent d'excellent danceur de salsa de Mr. Baraka car nous avons dancé toute la nuit et les gens de la cave enfumée  l'ont recconu et l'ont applaudi.
La répétition a eu lieu le lendemain et à son habitude Cecil a changé les plans en nous demandant de trouver un  batteur. Il était 3h et le concert démarrait à 7h. La vie est ainsi faite que le promoteur et moi avons réussi à recruter avec pas mal de difficulté un batteur Vénézuelien, qui en arrivant au Café de Linguamon reconnût Amiri en me disant "mais c'est le Monsieur qui a dansé toute la nuit hier soir dans la cave"...il était le batteur du groupe qui animait la soirée. Les trois se sont accordés mais au moment du lancement du duet, Cecil demanda à Amiri de passer avant avec le batteur, chose qu'Amiri fit ...il commença avec "Dope" et moi qui était restée avec Cecil dans la tente qui faisait office de coulisses, je l'ai vu pleurer en silence. Par pudeur je suis sortie de la tente et me suis installée dans le public. C'était à mon tour de pleurer quand Amiri a commencé a réciter "Somebody Blew Up America"...je ne savais pas qu'on pouvait parler comme ça, parfois on ne peut pas tout dire et Baraka disait tout, autant de courage mélangé à tant d'humilité et surtout d'humanité. En réalité Baraka ne recitait pas, il  scandai, il avait ce swing propre à la population colorée...
Lorsque Amiri termina sa partie, j'ai couru pour l'aider à descendre de scène et Cecil était déjà prêt à enchainer...tout seul. Avant de s'asseoir au piano il récita deux poésies sans micro, sans accompagnateur et...sans Baraka, qui  lui était assis à côté de moi avec une écrivaine Catalane ; lorsque Cecil termina ses poèmes, Baraka nous dit "you both are responsible for this"...


Ce n'est qu'au dernier set que Cecil et Amiri se sont produits ensemble, le 3 premières et dernières minutes de leur histoire...ils se sont produits ensuite à Albuquerque, puis dans un projet que j'ai monté avec le NEA et Harlem Stage sous l'impulsion de George Lewis, sans que j'assiste à la contradiction. Il sont également passés à la Cité de la Musique où le public francais n'a pas apprécié de voir Baraka réciter tout seul dans ce qui était supposé être un duet. Ce duet je l'ai appelé sans me tromper "Diction and Contradiction".


Sachant que les pièces de théâtre du grand Amiri Baraka ont été qualifiées de sulfureuses,  je vous invite à ne pas les manquer. C'est avec une grande joie que j'irai voir la pièce définitive de "The Most Dangerous Man in America" (W.E.B. Du Bois) qui sera présentée par Woodie King Jr au New Federal Theatre at the Castillo Theatre West Side NYC entre May 28-June 11.


"We seek Majority rule, the control of society by the majority, its workers, and farmers, its oppressed nationalities, its democratic petty bougeoisie, and even those of the nationl bourgeoisie (shaky at best) who oppose imperialism. This is our task. Let us get at it"

Amiri Baraka
Ritual and Performance from "Digging" The Afro-Americain Soul of American Classical Music

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