
La beauté est un sophisme de distraction. Albert Camus disait qu’une partie de l’autre s’oppose à la nature de l’être. Il dira de plus qu’une partie de l’autre s’oppose aussi à l’être de chaque objet. Dans la beauté donc, une seule partie de l’autre s’opposerait à la fois à la beauté et à l’être de la beauté.
Une des époques la plus riche en beauté de toutes sortes reste le XVIème siècle. Beauté artistique, renaissance musicale, littérature, arts plastiques. La Renaissance est devenue un adverbe qu'on utilise d'une manière banale, et pourtant quoi de plus compliqué que de décrire la beauté de "La Vierge au Rocher" de Da Vinci et quoi de plus simple que de la regarder. Si vous vous promenez par la Loggia dei Lanzi, quoi de plus ardue à enjoliver que la magnificence de la sculpture de "L'Enlèvement des Sabines" de Jehan de Boulogne... quoi de plus simple que d’effectuer sa circonvolution.
Allons vers la musique qui côtoie à longueur de ses créations la beauté et la laideur tel un Wagner résonnant dans les camps de concentrations nazis. C’est comme si la beauté avait deux visages nourris de fascination ambivalente. La consécration de la beauté ou de la laideur est loin d’être univoque, parce que les êtres qui les représentent résistent aux siècles quels que soient les coups portés contre leur légitimité.
À ce dilemme intemporel, notre modernité a donné une acuité nouvelle. C’est en quoi "The Unfortunate Importance of Beauty"" d'Amanda Filipacchi explore l'intemporalité anthropologique, esthétique et sociologique de ce dilemme. Dans son interrogation sur la dialectique de la beauté et de la laideur, elle ne cesse de chercher une définition pour qu’elle devienne une inspiration renouvellée.
Dans sa dernière nouvelle Amanda nous ramène à la vérité de notre siècle si développé et si archaïque en même temps. Pour les personnages Bart et Lily, la beauté est injuste. C'est que le paraitre crée des inégalités entre individus au point de ne pas vouloir paraitre. Pour Bart "la beauté est douloureuse à porter", pour Lily la laideur "ne peut pas être opérée". Et c'est dans ce contexte que ces personnages évoluent dans un univers loufoque, où le corps physique est celui que ces héroïnes se contentent de voir ; cette apparence les dispense de discerner les "défauts" ou "les qualités", les pousse à se juger tout en découvrant la réelle valeur de l'assassin parmi elles. Au fil de son livre Amanda nous montre que ces femmes ne sont pas parfaites, ni dans leur beauté ni dans leur laideur puisque ces personnages sont bien incarnés ici sur Terre. Chacun porte ses fardeaux, chacun a ses propres blessures, et avance le mieux possible dans la trame.
Lorsque l'ensemble de ces caractères est conscient de cette vérité dans la dualité de l’acceptation qui demeure en chacun, ils s'accueillent sans jugement, au-delà de ce que leur montrent les yeux. Or chacune est dotée d’une belle lumière intérieure et l’apparence n’est donc pas la vérité. Amanda explore un thème délicat tel que la beauté, un standard qui est préfabriqué depuis la nuit des temps. Le succès de son livre réside dans le fait qu'elle nous montre la laideur et la beauté tout en nous racontant dynamiquement ces deux grands défauts : la beauté et la laideur. Avant de tomber amoureuse, Lily pense qu’elle ne rencontre pas son amour à cause de sa laideur. Bart découvre qu’elle peut se laisser aimer malgré sa beauté et que celle ci ne fait pas mourir. Le langage que ces personnages parlent est celui de l'apparence, ils deviennent fascinants quand ils parlent celui de l'amour. Ces femmes se cachant extérieurement en cachant leur amour pour elles-mêmes. En fait, Amanda Filipacchi est une vraie femme qui écrit et décrit des trames affutées glorifiant la vie des femmes complexes. Le livre ajoute beaucoup d’éléments romantiques pour créer une intrigue plus intéressante pour les lecteurs.
Les vrais sentiments et les masques exposent un aspect contemporain que tout le monde peut comprendre et nous montre que l’amour peut être plus que le physique. Le livre dessert une intrigue qui fascine la majorité des gens avec ses thèmes universels. La beauté cachée, l’amour aveugle, et la malheuresue importance de la beauté...
"The Unfortunate Importance of Beauty" est un livre vivant dont la source se cache dans un univers drôle, mais qui jaillit et se déverse jusqu’à la surface des pages. Ces personnages lumineux et leurs sentiments créent, au bout du compte...de la beauté. Amanda Filipacchi got a goodlooking winner!