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Billet de blog 13 octobre 2010

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Un 11 septembre bancaire?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Profitant de la condamnation judiciaire de Gérôme Kerviel, un ancien cadre de la Société Générale a profité de l’agitation médiatique pour faire la promotion de son livre sur ce même sujet. Il condamne aussi le trader voyou, mais il change d’échelle ! Il nous explique que ce modeste soutier du grand casino de la finance moderne a, certes, porté préjudice à son employeur, mais qu’il a surtout mis en péril le système financier international. Rien de moins !

Résumons : Un employé de rang modeste, seul devant ses écrans, assez habile pour contourner les règles de contrôle de son entreprise, sans susciter de sa part la moindre réaction, peut enclencher de proche en proche, de sa seule initiative, une crise comparable à la grande dépression de 1929 !

Alors, imaginons qu’une organisation terroriste retienne cette leçon et décide d’infiltrer des traders acquis à sa cause dans quelques grandes banques mondiales. Ces traders auraient pour consigne de ne pas attirer l’attention pendant quelques années, tout en s’appliquant à faire gagner de l’argent à leurs employeurs, et à inspirer leur confiance. Puis à l’heure dite, sur un ordre secret de leur véritable commanditaire terroriste et clandestin, ils prendraient de façon coordonnée des positions catastrophiques sur leurs marchés respectifs de nature à provoquer volontairement des pertes abyssales, et une crise systémique telle que 1929 serait ramené au rang de modeste soubresaut.

Du délire ?

Pas sûr, car qui aurait cru possible, avant le 11 septembre 2001, que des terroristes prennent simultanément le contrôle de trois ou quatre Boeing 747, pour en faire des bombes volantes ?

De deux choses l’une : ou la Société Générale ne pouvait pas se rendre compte des manoeuvres frauduleuses de son trop habile trader, et une attaque concertée et clandestine sur le système bancaire est possible à tout moment, ou il est possible de prévenir une telle catastrophe en organisant un contrôle interne efficace, et la Société Générale est condamnable de ne l’avoir pas organisé plus tôt.

Alors, Gérôme Kerviel, quel sort lui réserver ? Le condamner ou le décorer pour avoir démontré concrètement la fragilité du système dans lequel nous vivons ?

Ruth Emmmer

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