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Billet de blog 25 mars 2011

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Le nucléaire, une affaire trop sérieuse pour être laissée aux ingénieurs.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le nucléaire civil, une affaire trop sérieuse pour être confiée aux ingénieurs.

Nous en sommes à la troisième catastrophe provoquée par un échauffement incontrôlable du cœur de réacteurs nucléaires. La tâche des défenseurs inconditionnels de cette énergie devient très difficile, d’autant plus que les trois filières actuellement exploitées ont été touchées. Les écolos anti-nucléaires ne se priveront pas de souligner et d’utiliser ce fait incontestable, pour condamner ce mode de production d’électricité.

Ont-ils raison ? Objectivement, je n’en sais rien. Par contre, ces évènements nous invitent à poser une question de simple bon sens. Est-il vraiment impossible de concevoir une technologie nucléaire qui garantisse que l’on ne puisse jamais se trouver en situation de surchauffe quels que soient les erreurs humaines et les évènements naturels ? A-t-on vraiment essayé d’y réfléchir ? Imaginons que le cahier des charges initial ait stipulé cette exigence comme condition incontournable du développement du nucléaire civil. Il est vraisemblable que des propositions de technologies intrinsèquement beaucoup plus sûres mais plus chères auraient alors été faite. Alors là, le choix à faire n’est plus technique, mais politique. On se sentirait quand même plus rassurés aujourd’hui si au prix d’une électricité plus chère, on disposait de centrales nucléaires de production d’électricité dans lesquelles la perte de contrôle accidentelle de la température du cœur était intrinsèquement impossible.

Imaginons que cet objectif soit impossible à atteindre, peut-être aurions-nous pu alors au moins « durcir » la protection des dispositifs de refroidissement des centrales à l’arrêt en les enfermant dans des blockhaus capables de résister à aux pires outrages de la nature et des hommes ! Clairement ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il n’est pas nécessaire de sortir de Polytechnique pour émettre ce jugement de bon sens, car c’est incontestable : sur ce point, on aurait pu faire beaucoup mieux. Cela aurait renchéri le coût de construction des centrales. Même là, le choix du niveau de sûreté a été laissé aux ingénieurs, alors que ce problème est encore une fois politique.

On nous dit que la réponse, c’est l’EPR. Est-ce si sûr ? Je n’en suis pas persuadé.

C’est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux ingénieurs !

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