L'analyse de la trace du "bonapartisme" dans notre histoire, et ses prolongements actuels, est enfin à la hauteur du problème que pose M Sarkosy. Je reprochais jusqu'ici aux prises de position anti-Sarkozystes de vos éditorialistes de manquer leur cible parce que trop primaires. Notre président, il faut le reconnaître se laisse difficilement enfermer dans des schémas simples. Enfin un papier qui me semble se positionner au niveau adéquat ! N'ayant ni la compétence, ni le talent pour faire ce que d'autres sauront faire mieux que je ne saurais le faire moi-même, je me contenterai de poser une question. Il y a dans notre culture, et dans la façon de la transmettre de générations en générations, quelque chose qui nous singularise en Europe, et que j’appellerai un virus culturel, afin de lui donner un nom, même si je ne sais vraiment ni en parler, ni en détailler les contours.Il m’est arrivé dans une vie antérieure, de participer à des réunions dans lesquelles se retrouvaient des citoyens des nations de l’Union Européenne. Il s’agissait de traiter de sujets techniques sur lesquels il est inutile de s’arrêter. Sur le plan de l’approche générale, j’ai vite ressenti que les membres français dont j’étais, étaient singuliers, que nos collègues de l’Europe du Nord qui dominaient en nombre imposaient une approche et un tempo à nos discussions qui nous étaient étrangers sinon étranges. Nous français avions le goût des brillantes constructions théoriques générales capables d’expliquer tous les cas de figure. Nos collègues savaient de façon pragmatique définir des domaines d’actions réalistes et pertinents, et surtout préparer des compromis.Cela peut sembler n’avoir que de lointains rapports avec notre sujet. Il me semble au contraire que ces différences sont au cœur du sujet. Ces autres européens, par leur capacité d’écoute, par leur capacité à défendre leur point de vue en associant ténacité et tolérance, par une maîtrise de la culture du compromis, sont finalement mieux immunisés que nous contre le bonapartisme. J’ai l’impression que leurs sociétés nationales sont plus à même que la nôtre, de générer des anticorps pour faire rempart contre des dérives totalitaires feutrées.Une loi sur l’audiovisuel telle que celle qui vient d’être votée en France, par exemple, est inimaginable en Grande Bretagne.Quelqu’un est-il capable de déchiffrer le virus culturel qui nous rend collectivement, nous autres Français, si fragiles face aux épidémies de grippe bonapartistes ?
Ruth emmere