LA SYRIE S’INSPIRE DE L’EXPERIENCE DU RWANDA SUR LA VOIE DE LA JUSTICE TRANSITIONNELLE
 
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                    Une délégation de la Commission syrienne, dirigée par Abdulbaseet Abdullatief, s’est rendue au Rwanda le mardi 28 octobre pour élaborer un modèle national fondé sur les principales expériences internationales et étudier l’approche du Rwanda dans le dépassement des séquelles du génocide et la construction de la paix sociale.
La Commission nationale syrienne pour la justice transitionnelle discute avec le Rwanda des moyens de renforcer la coopération avec les institutions rwandaises engagées dans la justice transitionnelle, afin de soutenir le processus syrien de justice transitionnelle et d’ancrer les concepts de réconciliation nationale et de paix civile.
La délégation a rencontré Eric Uwitonze Mahoro, secrétaire au ministère rwandais de l’Unité nationale et de l’Engagement civique, pour discuter de la manière dont la Syrie pourrait tirer parti de l’expérience du Rwanda en matière de justice transitionnelle et de réconciliation nationale.
La partie rwandaise a présenté son expérience de la réconciliation et de la consolidation de la paix après le génocide, ainsi que la façon dont la société a surmonté les douleurs du passé grâce au dialogue, à la reconnaissance, à la responsabilité et au pardon.
Mahoro a indiqué que la phase pré-réconciliation avait été marquée par la division et l’incitation à la haine, y compris dans les écoles, expliquant que le processus de guérison avait commencé par l’écoute des récits des victimes et la création d’un espace pour exprimer la douleur et raviver l’espoir.
Il a souligné que la justice au Rwanda n’était pas uniquement punitive, mais visait à construire une nouvelle vie fondée sur la coexistence, la sécurité et l’équité, ajoutant que l’État garantit désormais à chaque citoyen un sentiment de sécurité, de responsabilité et de non-répétition de la tragédie.
Documentation du génocide
La délégation a été informée de l’expérience d’Aegis Trust, l’une des principales organisations internationales œuvrant dans la documentation des génocides et la construction de la paix.
Les représentants de l’organisation ont présenté leur travail de documentation des récits historiques des victimes du génocide au Rwanda. Aegis Trust a contribué à la création de plusieurs musées mémoriaux à travers le pays, notamment le Mémorial du génocide de Kigali, centre national de commémoration, d’éducation et de sensibilisation publique, qui abrite également des fosses communes de victimes.
Ils ont expliqué que l’objectif ne se limitait pas à la préservation de la mémoire, mais s’étendait à la promotion d’une culture de paix et à la prévention de la réapparition des atrocités grâce à des programmes éducatifs et de sensibilisation destinés aux jeunes générations, ainsi qu’à la mise en place de plateformes numériques d’archivage et de documentation permettant aux chercheurs et aux journalistes d’accéder facilement aux témoignages et aux données.
Aegis Trust met en place un système intégré de recherche, en coopération avec des institutions internationales spécialisées, afin d’accueillir des chercheurs du monde entier pour étudier les voies de la justice, de la documentation et de la prévention des génocides.
La partie rwandaise a également partagé les mécanismes utilisés pour documenter et préserver la mémoire nationale du génocide, ainsi que la manière dont un récit national unifié a été construit pour s’assurer que ce qui s’est passé ne soit pas oublié, tout en instillant la conscience et la paix dans les générations futures.
Lors de sa visite au Mémorial du génocide de Kigali, Abdulbaseet Abdullatief a écouté les explications sur les méthodes utilisées pour recueillir les témoignages et pour numériser et archiver physiquement les documents, photos et objets faisant partie des efforts nationaux de protection de la mémoire collective et d’hommage aux victimes.
Les membres de la délégation syrienne ont souligné l’importance de l’expérience du Rwanda pour la trajectoire syrienne en matière de justice transitionnelle, notant que la documentation et la préservation de la mémoire sont essentielles pour garantir la non-répétition et construire un avenir fondé sur la vérité et la réconciliation.
Renforcer la coopération et échanger les expertises
La délégation de la Commission syrienne a également rencontré Patricie Uwase, secrétaire exécutive de Rwanda Cooperation, pour discuter des moyens d’élargir la coopération internationale et d’échanger les expertises.
Au siège de l’organisation à Kigali, les deux parties ont exploré la possibilité d’organiser des visites de terrain auprès d’institutions rwandaises concernées afin de bénéficier de leur expérience en matière de justice transitionnelle.
Rwanda Cooperation est un organisme gouvernemental relevant du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, créé pour faciliter l’échange d’expertises et de connaissances scientifiques entre le Rwanda et les pays partenaires, coordonner les visites officielles et alléger la charge du ministère des Affaires étrangères.
L’organisation fonctionne selon des plans stratégiques quinquennaux et reçoit des délégations de nombreux pays désireux de s’inspirer de l’expérience du Rwanda dans divers domaines.
 
                 
             
            