Burkini. Ce ridicule terme - contraction entre burqa et bikini- désignant la non moins ridicule combinaison intégrale que peuvent porter les femmes voilées de la tête au pied pour aller profiter en toute pudeur des plaisirs de l'été sur la côte d'Azur, est aux bord de toutes les lèvres, sur la Une de tous les journaux et enfle dans tous les esprits de nos intellectuels éclairés. La vue de ces quelques femmes accoutrées de ce qui pourrait ressembler de loin à une combinaison de plongée fait paniquer la France des libertés, alerte les féministes avant-gardistes, et enflamme les débats publics : la prise de conscience des dangers du wahhabisme de France est violente, brutale, aveugle. Des maires prennent rapidement la décision d'interdire ce déguisement qui ne fait plus rire après les attentats de Nice du 14 Juillet, déclenchant une vaste polémique estivale aux accents si familiers : quelle meilleure manière d'étouffer nos problèmes sociaux, de faire oublier que la guerre contre le chômage a échoué, ou de masquer l'incompétence de nos dirigeants impuissants face aux défis du monde d'aujourd'hui que de s'engouffrer à pieds joints dans une polémique aussi déterminante pour l'avenir de nos concitoyens français ? En ces temps troublés, le birkini, après le voile islamique qui aura fait son temps de débat public, tombe à pic pour nos élites en mal de légitimité.
La décision d'interdiction prise par ces quelques valeureux représentants du peuple est largement approuvée par le Premier ministre Manuel Valls : elle permet d'“éviter les troubles à l’ordre public”, comme l'a t-il plaidé dans une interview accordée à La Provence. De beaucoup fustigent cet accoutrement rétrograde qui heurte nos valeurs. Libération nous exhorte dans l'un de ses articles : "ne soyons pas naïf sur le symbole de cette étoffe", et estime qu'interdire les burkinis c'est "le signe que nous n’avons pas peur de dire qu’Islam et wahhabisme sont deux choses radicalement distinctes, et que le second menace le premier depuis plus de deux siècle".
Alors qu'une vente de rafale aux monarchies du golfe ne fait que peu de bruit, un bout de tissu soulève quant à lui le spectre du Wahhabisme. Le mot est lâché : Wahhabisme. Comme il est intéressant de redécouvrir en 2016, par le biais de l'affaire burkini, l'existence de ce courant rigoriste de l'islam qui nourrit le fanatisme islamique, alimente la haine de l'occident, ensanglante le monde arabe et va jusqu'à envoyer ses oilles mourir en martyr dans nos contrées. Comme il est surtout hypocrite de crier l'imminence du danger islamiste pour une affaire de tissu lorsqu'on sait que le fleuron de notre industrie arme cette idéologie meurtrière, régressive, violente à l'égard des femmes, venue de la péninsule arabique et dont ses puissants représentants sont décorés (en catimini) de la légion d'honneur par nos élites bien-pensantes.
Où sont passés ces défenseurs des droits de l'Homme qui crient aujourd'hui au loup, quand le blogueur saoudien Raïf Badawi se fait flageller et emprisonner il y a plus d'un an pour ses écrits contestataires ? Où sont passées ces féministes qui hurlent aujourd'hui au scandale pour une femme un peu trop couverte sur la plage, lorsqu'une femme saoudienne défraie la chronique pour s'être faite lapidée sur la place publique ? Où est passée la police lorsqu'il s'agit d'arrêter ces riches saoudiennes qui pavanent en burqa sur les Champs Elysées en sortant de chez Louis Vuitton ? Où sont passés ces valeureux représentants du peuple pour empêcher ces tenors de l'obscurantisme de venir passer ostentatoirement leurs vacances sur notre côte d'Azur ?
Mais où sont donc tous ces gens pour s'indigner contre cette odieuse, lâche et inhumaine guerre contre le Yémen ? Où sont tous ces gens pour élever la voix et empêcher une vente de rafales à l'intention de cette monarchie qui viole toutes les valeurs pour lesquelles nous nous battons depuis des siècles, qui nous inonde de son idéologie haineuse, qui nous asservit avec ses pétrodollars ?
Puisque l'affaire burkini rime donc avec hypocrisie, la polémique pourrait s'avérer catastrophique. Si la tentation est grande de vouloir s'indigner du port de ce vêtement diabolique, il serait plus rationnel de s'interroger sur ses origines idéologiques. Il sera ensuite grand temps de s'offusquer des tentatives nauséabondes de manipulations médiatiques de nos chères et tendres élites politiques.