A toi, « réquisitionné » pour le plan blanc,
Je t’imagine d’abord, heureux et fier de pouvoir aider à prendre soin des malades, à sauver des vies,
Je t’imagine confronté à tes premiers patients décédés, sans le temps nécessaire pour réaliser, sans interlocuteur à qui en parler,
Je t’imagine rentrer chez toi après une dure journée – ou nuit – en te demandant si tu as bien respecté chaque règle d’hygiène, posé la bonne perfusion, noté chaque action, détecté les bons symptômes,
Je t’imagine devoir accélérer encore et encore, jusqu’à en perdre la part humaine de ton futur métier,
Je t’imagine ne pas oser demander de l’aide ou un conseil à tes collègues débordés, tout en ayant peur de mal faire…
Ils te font croire que vous êtes des héros, en vous envoyant combattre sans armes,
Ils te font croire que vous êtes des héros, après avoir ignoré vos appels à l’aide,
Mais, toi aussi tu es humain, toi aussi
Tu as le droit de ne pas savoir faire ce que tu n’as pas eu le temps d’apprendre sous le regard bienveillant d’un diplômé,
Tu as le droit d’être fatigué, d’avoir faim, d’avoir soif,
Tu as le droit d’être découragé, tu as même le droit de pleurer,
Laisse-moi terminer par cette formule devenue si banale ces derniers temps,
Et pourtant, « prends soin de toi ».