Ce traumatisme collectif fait de solitudes imposées et de deuils volés demeure une plaie béante dans notre mémoire nationale. Il appelle encore aujourd'hui une réponse à la hauteur : claire, solennelle, profondément humaine. Et pourtant , nous, représentants associatifs, peinons à comprendre l'indifférence persistante de la représentation nationale. Malgré les nombreuses propositions de lois visant à instaurer une journée nationale d'hommage aux victimes de la covid-19 (la dernière en date portée par la députée Delphine Batho le 15 mars 2025), aucune réponse politique concrète n'a été apportée.
C’est la quatrième fois qu’une telle initiative est soumise. Et, une fois encore, elle est accueillie par le silence.
Que faut-il en conclure ? Que la douleur des familles endeuillées, la mémoire des disparus, la nécessité du deuil collectif ne méritent pas d’écho dans l’agenda parlementaire ?
Ce silence, ce désintérêt institutionnel, sont indignes du pays des droits de l’homme.
Ils contredisent toute prétention à une vision humaniste et progressiste des droits humains.
Dans d’autres grandes démocraties, des gestes forts ont été posés :
- En Espagne, une cérémonie a été organisée devant le palais royal en présence du roi.
- En Italie, une loi a été votée pour instituer une journée nationale en mémoire des victimes.
- Aux États-Unis, le président Biden a tenu un hommage solennel devant le mémorial Lincoln, les drapeaux ont été mis en berne et les cloches ont sonné.
Et en France ? Rien.
Le président Emmanuel Macron refuse toujours de reconnaître officiellement, par un hommage national, la mémoire de ces morts. Pourquoi ce silence ? Pourquoi ce refus ? Pourquoi ce manque de compassion affiché ? Qu’ont donc fait les familles endeuillées pour être ainsi ignorées ?
Nombreux sont les responsables politiques qui, pour des raisons de posture ou de leadership, refusent de signer ou soutenir cette proposition de loi, comme si rendre hommage aux morts de la Covid-19 les exposait à quelque forme de faiblesse. C’est une erreur de fond. C’est aussi un manquement aux valeurs fondamentales de notre République.
Les familles et les endeuillés, eux, ressentent une profonde colère, mêlée d’incompréhension et d’un sentiment d’abandon. Ils ne réclament ni vengeance ni polémique, mais une réparation. Un geste. Une reconnaissance. Une date où la Nation se souvient, et s’incline.
Cette proposition de loi transpartisane est immense dans sa portée car elle engage également une démarche de retour d’expérience sur cette crise sanitaire sans précédent .
Pourtant elle n’a recueilli que 35 signatures sur les 50 nécessaires pour pouvoir être examinée. Trente-cinq. C’est tristement peu. Et profondément anormal.
Nous appelons les député(es )à se mobiliser pour faire passer cette proposition de loi.
Nous demandons aux citoyennes et citoyens de s’associer à cette requête.
Nous disons à ceux qui hésitent : le respect des morts n’est pas une option politique, c’est un impératif moral.
Voter cette proposition de loi, c’est reconnaître la douleur, réparer un oubli, refuser l’effacement. C’est rendre justice à celles et ceux qui sont partis dans le silence, et à leurs proches qui, aujourd’hui encore, vivent un deuil entravé, une mémoire orpheline.
Au nom des familles.
Au nom de la dignité humaine.
Au nom de notre mémoire collective.
Sabrina Sellami ( Vice présidente Coeur Vide-19 et Julie Grasset ( Présidente Coeur vide-19)