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Billet de blog 26 décembre 2024

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L'Humain et son mal

Dans le tumulte des actualités pouvant nous faire perdre de vue le sens de ce qu'il se passe, voici mon première poème en prose. Une modeste contribution qui je l'espère vous fera vaciller le cœur...

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Illustration 1

Connaissez vous ce mal du siècle ? Une maladie pas si voyante, une maladie bien discrète. 

Un de ces problèmes de santé qu’aucun docteur ne semble être formé à reconnaître ?

Les esprits vifs qui auront navigué sur les toiles et les réseaux s’écriront sans doute : “La bêtise !”, le sourire fier et les bras biens hauts.

Mais non braves gens ! Même si la bêtise n’est pas de ces maux les moins inquiétants, il en existe un qu’il faut redouter tout autant.

Ce mal est insidieux. Pernicieux ! Et se cache souvent derrière de grands airs sérieux..

Ce mal est partout, pourtant nous ne l’identifions nul part. Qu’il s’agisse d’une situation bénigne ou d’un drame, il se balade devant nos yeux, nos lèvres, nos oreilles et nous laisse hagards.

Dans une guerre par exemple, il prend la forme d’élégants costumes, qui regroupés sur des plateaux, s’animent et gesticulent. 

Devant ces belles marionnettes de coton et de fard qui gazouillent et dansent, nos oreilles écoutent. Presque endormis, leurs mélodies nous enseignent comment penser et suppriment nos doutes :

“Ces méchants Arlequins s’en prennent aux pauvres Polichinelles ! Ecoutez braves gens comme il serait normal de leurs envoyer maintes munitions, moultes canons, pour que de ces Arlequins il ne reste que de la dentelle !”

“Mais les Polichinelles rusent et abusent de tout temps, pour que des Arlequins on ne les considèrent pas jusqu’à leurs enfants ! Leurs explosions sont déplorables mais compréhensibles, les Polichinelles n’avaient pas à être aussi nuisibles !”

Et que ce soit des Polichinelles ou des Arlequins les images affluent, le spectacle morbide de la guerre continue.

Cela n’empêche pas les marionnettes de plateaux de dire, de crier, de s’amuser. À jouer aux commentateurs sérieux, avec des sujets sérieux, pour peut-être avoir l’air au moins une fois de leur vie sérieux.

D’autres pantins costumés, sous les ors des mairies, des Sénats, des Elysées, gesticulent tout autant, alimentant de leurs mots ce mauvais théâtre déshumanisant.

De bouche en bouche, d’oreille en oreille, le mal passe et se prélasse à chaque encéphale qu’il visite,

Quand dans les foyers il arrive et qu’il s’installe dans nos quartiers, nos villages, nos bourgs,

Le mal n’a aucun soucis à se loger et à déambuler dans nos rues, nos avenues et nos cours.

Soudainement nos voisins ont des traits d’Arlequins ou de Polichinelles… “J’ai entendu sur ces plateaux, de faire attentions à ces premiers, ils leur est aisé de donner des coups de pelle !”

Tranquillement le doute prend ses aises, la suspicion avec. “Si ces voisins sont si proches d’Arlequins ou de Polichinelles, leurs vies à mon contact ne vont-elles pas compliquer la mienne ? Je devrais réduire mes cercles pour éviter trop de prises de bec.”

C’est ainsi que les discussions se raréfient. Baisser son regard en croisant un individu dans la rue est plus serein qu’un “Bonjour” au premier venu.

Limiter ses interactions sociales, rentrer à la maison, voilà peut-être une meilleure solution ?

Sans qu’on s’en rende compte le mal est présent et s’est bien installé. Il a sa place, bien au chaud. À côté de nous. Sur le canapé.

Manque d’empathie, xénophobie, on peut lui donner plusieurs noms. Mais c’est contre ses symptômes et ses effets qu’il faut sonner le clairon.

Les marionnettes derrière nos écrans de verres ont trop imprégnées nos vies. Si bien que dans notre quotidien, on en revient à copier leurs facéties.

De leurs belles paroles, de leurs beaux costumes nous n’avons besoin de rien. Mais de la joie, de la convivialité et de l’humain, on en trouvera chez nos voisins.

Si vous pensez qu'il est niais de considérer n’importe qui sur Terre comme votre semblable, posez vous la question d’à quel point le mal ronge votre âme.

Si vous considérez que d’autres vous sont inférieurs, ces autres ne vous verrons pas plus supérieurs qu’ils ne se pensent. 

Nous sommes aux yeux de toutes et tous, les Arlequins, les Polichinelles des autres.

Et autour d’un verre, d’un repas, d’une fête, seul “l’Humain” et son adelphité doivent être notre apôtre.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.