saclayenlutte

Abonné·e de Mediapart

1 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 juin 2022

saclayenlutte

Abonné·e de Mediapart

De Saclay au ministère, Sylvie Retailleau marchandise l'Université

Mme Sylvie Retailleau, la nouvelle ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche dans la (très) droite lignée de l'ancienne ministre Mme Frédérique Vidal. Au travers de la création de l'Université Paris-Saclay, elle s'illustre depuis longtemps à faire de l'université un lieu de marchandisation du savoir au service des profits.

saclayenlutte

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mme Sylvie Retailleau est nommée ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche par Mme Elisabeth Borne, succédant ainsi à Mme Frédérique Vidal. Une surprise ? Non. Au travers de la création de l'Université Paris-Saclay, elle s'illustre depuis longtemps à faire de l'université un lieu de marchandisation du savoir au service des profits.

À commencer par le modèle de cette université. Son statut dérogatoire, qui a considérablement réduit la part d'élu·es représentant·es du personnel au conseil d'administration, a permis à sa présidente, Mme Sylvie Retailleau, d'en décider seule les directions. Parmi celles-ci, créer une université à deux vitesses : d'une part, les étudiant·es « excellent·es » dans les écoles, les masters, et les filières « double diplôme » sélectives ; d'autre part, l' « école universitaire de premier cycle », qui n'a même pas droit à la couleur « prune » de la charte graphique de l'université : on risquerait de
mélanger !

L'objectif : briller dans le prestigieux classement international de Shanghai, où cette juxtaposition de l'ex-Université Paris-Sud avec les écoles l'a propulsée au 13ème rang mondial.

Mme Sylvie Retailleau aime parler de transition écologique comme d'un grand défi de notre temps. Mais le campus de l'Université Paris-Saclay est bâti sur une immense terre agricole de l'Île de France, parmi les terres les plus fertiles du pays, et même d'Europe, dans le seul but de regrouper
artificiellement des grandes écoles et facultés afin de viser ce rayonnement factice à l'international. Le GIEC nous donne trois ans pour inverser la tendance des émissions de gaz à effet de serre. Si le choix du lieu remonte à M. Nicolas Sarkozy, qui peut croire qu'un président accusé à deux reprises d'inaction climatique, qui choisit dans son ministère la personne ayant participé à la mise en œuvre de la construction de cette université sur ce terrain, sera à la hauteur des enjeux ?

Cette nomination est une belle récompense pour celle qui a mis en oeuvre à l'Université Paris-Saclay sans sourciller la Loi de Programmation de la Recherche, dont elle avait rédigé un rapport préparatoire, cette même loi qui a suscité une opposition très importante du monde universitaire fin 2019-début 2020 (mobilisation stoppée net par le confinement). Rappelons que cette loi institutionnalise à bien des niveaux la précarité des enseignant·es-chercheur·ses et des chercheur·ses : doctorat de droit privé qui ouvre la possibilité au privé de faire des CDD de 3 ans, « Chaires de Professeurs Juniors » qui permettent d'embaucher des docteur·rices (bac+8) pour un CDD de 6 ans sans garantie de titularisation, « CDI de chantiers » qui n'ont de CDI que le nom puisque révocables à tout instant.

Rappelons que l'enseignement supérieur français ne souffre pas d'un problème d'attractivité. Nos établissements souffrent d'un sous-financement chronique, au détriment des salaires de tous·tes les travailleur·ses de l'université et des conditions d'étude et de travail des étudiant·es. Alors même que chaque année, ce sont 6 milliards d'argent public versés au secteur privé sous forme de Crédit Impôt Recherche, dont on cherchera en vain les effets concrets sur la recherche privée. Les presque 100 000 vacataires d'enseignement à l'université qui tirent de cette activité leurs revenus principaux n'ont qu'à bien se tenir. Ce ne sera pas sous le ministère de Mme Sylvie Retailleau que leur sort s'améliorera, pas plus que celui des étudiant·es précaires, des personnels administratifs et techniques non-titulaires et/ou à basse rémunération ou plus généralement l'ensemble de celles et ceux qui contribuent, tant bien que mal et en dépit des contre-réformes destructrices de l'enseignement supérieur et de la recherche, à faire fonctionner ce service public si essentiel pour nos démocraties, comme l'a encore mis en évidence la crise sanitaire.

Le collectif Saclay en lutte

https://www.youtube.com/watch?v=Dwev76QUTVU
https://www.instagram.com/saclayenlutte/?hl=fr

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.