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Billet de blog 11 novembre 2017

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" Ce qui se dit sous nos cocotiers est inaudible. Un non-dit."

Une interview exclusive réalisé par le blogueur, Dr Abdoulanziz Mohamed Riziki avec le président du parti politique Comorien , le Parti Comores Alternatives(P.C.A), Mr Said Ahmed Said Abdillah. Ils ont parlé de l'épineuse feuille de route sur la circulation des Comoriens dans leur archipel -entre Mayotte et les autres îles- et des assises nationales.

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« Ce qui se dit sous nos cocotiers est inaudibles, un non-dit »

Interview exclusive de Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah

Président du Parti Comores Alternatives (PCA)

www.lemohelien.com: Vous vivez entouré de tous ces livres, dont certains sont écrits par de grands hommes d’État ou parlent d’eux, des livres sur le pouvoir politique, l’économie et la banque. Dois-je vraiment vous prendre au sérieux quand vous dites que vous dirigerez un jour les Comores? Êtes-vous en train de vous y préparer?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

Tout d’abord je vous remercie, vous et votre équipe qui gérez ce site d’information. Vous n’êtes pas sans savoir que chaque homme politique se prépare d’une manière ou d’une autre à diriger son pays ou à prendre part  avec celui qui le dirige. Et pour cela, il ne suffit pas d’avoir un nom ou un parti politique mais aussi et surtout des idées, des projets et des convictions pour le présent et l’avenir du peuple et de son pays. Les livres, oui ce sont des richesses inépuisables pour nous éduquer et nos orienter en  nous imprégnant des connaissances et des expériences  des autres. Il n’est pas anodin que le miracle que Dieu -qu’Il soit exalté- a donné à notre prophète Muhammad, (paix et bénédiction d’Allah soient sur lui et sa famille), est le livre- le Saint-Coran. Est –cela peut prouver ma détermination envers mon objectif politique : le pouvoir ? L’histoire nous dira. Je dois faire et agir pour l’intérêt de mon pays et le peuple Comorien.  L’histoire et Dieu  nous jugeront.

www.lemohelien.com: Vous qui êtes le chantre du souverainisme comorien, vous répétez ces derniers temps que Mayotte s’achemine vers l’évolution de son statut juridique au sein de la République française. Pouvez-vous en dire plus?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

Je conçois que le premier rôle de notre politique étrangère est la défense de notre souveraineté nationale et  avant des intérêts économiques qui ne sont pas de moindre. Il s’avère que nous avons une indépendance inachevée, comme vous le savez, à cause de l’occupation par la France d’une partie de notre territoire, Mayotte, et de l’usage d’une monnaie coloniale imposée  aussi par la France.  Aujourd’hui, il y a  en France, un nouveau président de la République, jeune, qui n’a pas connu le colonialisme,  qu’il qualifie de « crime contre l’humanité ». Or, la question de Mayotte est totalement liée au colonialisme et à une décolonisation inachevée de notre pays, dont la France ne s’honore pas sur la question vis-à-vis du monde et aussi de sa philosophie d’un pays de lumières et des droits de l’homme. Emmanuel Macron, le nouveau président français, qui associe  l’acte à la parole  fait un geste envers les Comores et le peuple Comorien par la feuille de route « qui veut éviter le drame humain ». Plus de 10.000 morts gisent au fond du bras mer qui sépare  deux territoires Comoriens Mayotte et Anjouan.

A ma surprise et peut-être  à la surprise d’autres Comoriens, cette démarche française a été prise à la légère  par  notre ministère des affaires  étrangères et par  notre Ambassade à Paris. La feuille de route a été écrit et décidé à Paris,  et c’est ici que le combat doit y être mené et non sous nos cocotiers. Les séparatistes Comoriens de Mayotte se sont mobilisés, et ont  manifesté, en France et à Mayotte. Ils ont fait pression  sur le  gouvernement français jusqu’à obtenir, pas la suppression,  mais la suspension de la feuille de route. Mais que faisons-nous du côté de l’Etat Comorien ? C’est  le  silence radio, et tout le monde,  y compris notre ministère des affaires étrangères, se braque sur les assises comme si c’était  un  programme politique. Notre diplomatie  oublie son  rôle principal : la défense des intérêts de notre pays et sa souveraineté.

A Paris notre Ambassade  est silencieuse et n’a même pas daigné  mobiliser notre forte diaspora  pour faire une contre-manifestation. Notre diaspora pèse plus de 300.000 électeurs en France. Elle  pèse trois fois  plus que l’électorat des Comoriens de Mayotte.  Elle n’a pas fait une campagne de communication par la télévision, la  presse, la  radio et les  blogs  ou du lobbying auprès du gouvernement français. Ceci est d’autant plus  écœurant qu’ on voit à Paris l’ambassadeur d’Espagne, pays voisin de la France , faire une campagne médiatique en occupant toutes  les chaines d’informations  française  pour  défendre l’ intégrité territoriale de son pays et combattre les indépendantistes catalans.  Pourtant  ce qui se dit  en Espagne peut  être étendu  à la  France. L’ambassadeur d’Espagne sait que la France, plus particulièrement  à Paris,  est le centre du monde. Tout ce qui est dit à Paris est entendu dans le monde entier. Ce qui se  dit sous nos cocotiers  est inaudible, un non-dit, et   ne dépasse même  pas les ombres des feuilles de ces  cocotiers.

Réveillons-nous pour être en harmonie avec le temps et la réalité. Regardons comment ont fait le gouvernement  et le peuple espagnols  pour défendre leur souveraineté. Chez nous, la feuille de route est comme un non évènement. Or, je crains  les mêmes erreurs d’antan, en  nous  occupant à arroser  le jardin plein des feuilles mortes  au moment où la maison brûle.    Il n’est pas encore trop  tard. Prenons le risque de grimper  sur le cocotier  afin d’arracher les noix de coco  au lieu d’attendre qu’elles  tombent par terre pour nous limiter à leurs ramassages.

www.lemohelien.com: Quelle lecture aviez-vous faite de la feuille de route signée par la France et les Comores et dont on ne parle plus?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

La feuille de route marque une nouvelle vision de la France sur la question de Mayotte. Cette vision de la France, jadis incarné par le général de Gaulle, qui ne veut plus de « cailloux à gauche et à droite  »  mais une France forte et qui pèse au niveau mondial. Cette vision a été défendue par Valéry Giscard d’Estaing qui ne voulait diviser un petit pays de l’océan indien. On peut remarquer qu’Emmanuel Macron  a beaucoup des similitudes avec Valery Giscard d’Estaing : énarque, ministre des finances  etc. Au vue de nos réactions,  cette feuille de route   a été une surprise, le plus inattendue,  auprès de nos dirigeants politiques, toutes tendances confondues. La France a suspendu la feuille de route et a décidé seule que les Comoriens de Mayotte  prendront part aux  prochaines  discussions.

Les Comores doivent refuser la présence des élus des Comoriens de Mayotte. Nous ne reconnaissons aucune élection fait dans l’île occupée par la France. Les accepter est une violation de toutes  les résolutions des Nations Unis sur la question de Mayotte. Nous n’avons aucun intérêt à céder aux caprices malsains des séparatistes des Comoriens de Mayotte.

www.lemohelien.com: Alors que les Comores ont toujours commis l’erreur de refuser toute négociation avec les Mahorais, comment jugez-vous la petite phrase de Mohamed Elamine Soeuf: «Les Mahorais sont incontournables»?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

L’erreur n’a jamais été le refus de parler avec les Comoriens de Mayotte que vous appelez les mahorais.

www.lemohelien.com: Mon bon Monsieur, des gens vivent à Mayotte : les Mahorais. Ils n’ont pas de cornes, et ce n’est pas moi qui les ai créés. N’avez-vous jamais vu un Mahorais ?   

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah :

Que seriez –vous sans vos moqueries ? Toujours  est- il que nous n’avions aucuns problèmes avec les Comoriens de Mayotte et surtout avec  les séparatistes. Chacun comorien de Mayotte est libre individuellement de choisir sa patrie, mais,   Mayotte c’est Comores.  Que celui qui  ne l’admet  pas la quitte. Rendre  ces frères  « incontournables »  pour ce problème, c’est insulter nos aînés qui ont lutté et proclamés l’indépendance, et les Nations unies, qui nous ont reconnu  notre Etat le 12 novembre 1975. Azali Assoumani avait récusé une réunion qui devrait faire venir des élus des Comoriens de Mayotte. Il fallait respecter  la politique conduite jadis  par nos ainés et soutenue par la communauté  internationale. 

www.lemohelien.com: Maintenant, les Comores s’acheminent vers les assises de la division et de la haine. Comment jugez-vous la composition de leur Comité de Pilotage?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

Arrêtez de dire des choses qui n’existent  pas. Vous pouvez avoir votre opinion et vous en êtes libre mais ne dites pas n’importe quoi .Par contre je me pose des questions  sur la composition du comité de pilotage et d son rôle, voire de  son utilité et surtout du nombre de ses membres. J’avais compris que le mouvement de 11- Août constituait la base fondamentale de pilotage de ces assises dont, il est l’initiateur. L’Etat, pour moi, est la caution morale, matérielle et institutionnelle de ces assises. Et pour cela il n’avait pas besoin d’envoyer une pléthore des gens qui risquent de flouer le pilotage des assises. J’ai évoqué le cas de nombre mais aussi celui de la composition ou de la représentation. On nous parle entre autres du bilan depuis notre indépendance. N’est-il opportun de faire intervenir des gens qui ont participé à la gestion de notre depuis l’autonomie interne et la diaspora, qui n’y est ni  citée, ni impliquée? N’y a-t-il  pas une place pour notre diaspora ?

www.lemohelien.com: Comment jugez-vous l’éjection du Comité de Pilotage de votre ami et partenaire Achirafi Saïd Hachim, surtout quand certains attribuent ce limogeage à votre autre partenaire de mendicité politique qu’est Saïd Larifou?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

Notre frère et partenaire  politique comme vous le dites, l’ancien candidat au  scrutin  présidentiel  de 2016, Achiraf Said Hachim  a été membre de la première monture du comité de pilotage. J’ose espérer que celle-là n’est pas la monture définitive pour piloter les assises. Pour l’efficacité nous espérons  avoir un comité de pilotage  réduite et solidaire.  

www.lemohelien.com: Comment percevez-vous l’opposition des Mohéliens et des Anjouanais à ces assises?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

Je vous demande d’arrêter de jouer le jeu  des séparatismes.

www.lemohelien.com: Quelle mauvaise foi ! Le séparatisme vient des politiciens grands- comoriens  qui prêchent ces assises par mépris et rejet des Anjouanais et des Mohéliens ?  

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah

 Il y a des personnes  ou des tendances politiques qui ne partagent  notre vision  ou notre manière de mener le pays et non pas les îles. Je trouve que vous n’évoluez pas en croyant  que les îles appartiennent à d’autres qu’aux  comoriens. Nous formons un seul peuple, une seule nation et une seule religion, que cela vous plaise ou non.

C’est la réalité de notre histoire commune, et nous la défendons. Nous acceptions qu’il y ait une différence de points de vue, et cela fait partie de la normalité d’une nation. Je sais qu’il y a des gens et des partis politiques qui s’opposent à ces assises et pas seulement à Anjouan et à Mohéli. Mais ils  ne doivent pas empêcher leur  tenue et leur  bonne marche. Je regrette que le gouverneur d’Anjouan joue la politique de  la chaise vide. Cela ne  l’honore  pas  et n’est pas en faveur de l’image de l’île.   

www.lemohelien.com: Quelle est l’utilité de ces assises et comment voyez-vous l’avenir des Comores après leur tenue?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

Les assises nous permettront de faire  un bilan de 42 ans d’indépendance dont  celui de quinze ans de la tournante, comme l’ont annoncé les initiateurs. Pour nous, ils nous  permettront  d’adapter nos institutions à nos capacités et  besoins. Nous espérons avoir un pays apaisé et en marche vers l’émergence,  après les assises.  

www.lemohelien.com: Quelle relation établissez-vous entre ces assises et le mensonge sur l’impossible «émergence»

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

Il n’y a pas de mensonge sur la volonté d’Azali Assoumani de mettre le pays sur la voie de l’émergence. L’émergence des Comores  est possible et nous nous mobilisons dans ce sens afin de l’aider. Les assises nous ferons profiter de talents de tous les comoriens afin de créer  l’harmonie avec la politique de développement  socioéconomique

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www.lemohelien.com: Votre chef Azali Assoumani parle d’«émergence à l’horizon 2030», et le Prince héritier d’Arabie Saoudite de «Vision 2030», pendant que l’un et l’autre sont lancés dans la chasse aux adversaires. Dans le cas de l’Arabie Saoudite, s’agit-il de lutte contre la corruption ou de règlement de comptes, comme aux Comores, avec la Commission parlementaire enquêtant sur la «citoyenneté économique»?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

Azali Assoumani est le chef de tous les Comoriens. Que cela vous plaise ou non.

Il y a une très grande différence entre la politique mené le Prince héritier Saoudien et le travail de la commission  d’enquête parlementaire  de notre pays.

L’Arabie Saoudite, un pays peuplé de 26 millions d’habitants, dont 70% ont moins de 30 ans, a la vocation d’être la première puissance politique du monde sunnite.  Le Prince héritier veut le mettre en symbiose avec  le monde moderne  et rajeunir l’âge des dirigeants en luttant, en même temps, contre la corruption. Cela  n’est  pas une  tâche facile à réaliser et nous ne pouvons que le souhaiter bonne chance  pour éviter l’implosion du pays.

Pour les Comores, la commission d’enquête parlementaire travaille  sur la citoyenneté économique et les fonds qui ont été détournées. Nous osons espérer que ceci ne soit pas uniquement une comédie musicale. Il faudra, par la suite, que la justice  se saisisse des dossiers pour mieux établir les faits et juger.

 Il faudra aussi une commission d’enquête sur la douane et les sociétés d’Etats dont  des fonds ont été volatilisés. 

www.lemohelien.com: L’ancien Président Ahmed Sambi a demandé une audition publique pour que les Comoriens comprennent tout sur la «citoyenneté économique». Trouvez-vous normal qu’on refuse la transparence dans un pays qui fait trop de bruits autour du mot «émergence»?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

L’audition a été déjà et je pense d’une manière apaisée. La faire à huis clos comme  pour les autres personnalités politiques auditionnées n’est pas un signe d’absence de transparence. C’est juste mettre tout le monde sur un  pied d’égalité. 

www.lemohelien.com: Il y a trop d’incendies aux Comores ces derniers temps. S’agit-il d’un problème structurel d’insécurité?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah:

Ces incendies nous inquiètent beaucoup, surtout qu’ils se répètent. Il y a aussi les faits que ce sont des véhicules d’autorités publiques de premier ordre qui brûle. Peut-on  les classifier  comme des délits à caractères politiques ou des haines isolés. Il faudra que nos autorités chargées de la sécurité nous en disent  plus et mettent la main sur les coupables

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