La culture, c’est ce qui manque quand on croit tout (s)avoir
Ceci est un puzzle des fractures de la Culture en miettes à quoi ce réduisent la formation, la création et la diffusion culturelle et intellectuelles en Guinée. A terme, il pourrait en sortir un « essai » sur la mal formation en Guinée. C’est connu, le Guinéen sait tout qui fut formé à « l’Ecole guinéenne », « Le PDG plus le libéralisme » selon la lumineuse formule de Somparé, un des idéologues du PDG. Voici en vrac quelques uns de ses comparses.
Dorank Assifat Diasséni, brillant historien, qui fut directeur du Bureau de presse de la présidence qu’il connait jusqu’au plus petit recoin de son secrétariat. Après la mort du tyran, il fut le « compagnon » de la secrétaire particulière de ce dernier. Une secrétaire qui a pu subir les frasques du responsable suprême pendant 18 ans (dixit Assiifat). Téliwel Diallo, précepteur plus que maître de Mohamed Touré qui le coopta pour le quota du PDG dans le train Kankan-Kouroussa-Siguiri qui carbure à la langue Nko. Qui veut un « poste » en haut lieu peut et ou doit passer par l’un des Mohamed. (1)
Notre porte parole, l’Enfant du charbonnier, comme il se nomme lui-même, Kiridi Bangoura, venu tard, pas moins sémillant, avait vite fait de prendre le leadership une fois que le vent de la démocrassie avait soufflé avec l’avènement des soldats démocrates cornaqués par des intellectuels tels que Zaïnoul Abidine qui prétendait que le Professeur Boubacar Barry n’a fait que piller son Bokar Biro (éd. ABC). Facinet Touré, relégué à l’Ecole normale supérieure de Manéah, qui était peut-être un peu trop Morianais au goût de l’Autre Suprême.
« Vous êtes les meilleurs, même si je continue à donner des bourses à certains pour étudier la science bourgeoises de l’Impérialisme ».
Ce sont « les meilleurs » en effet qui gouvernent ce pays comme on gère les pharmacies, les librairies et tous les consommables : par terre.
Donc Aboubacar Sylla est brillant, a de l’entregent et sait prendre et porter la parole quand il faut au moment qu’il faut. Il n’aime pas être géré par ceux qui étaient à l’Extérieur qui sont selon lui, irrévocablement disqualifiés pour gérer ce pays. Voir sa longue et pénible polémique avec le regretté Ba. Cela avait fini par une vilaine affaire de famille et de dettes..
Donc Aboubacar Sylla a vite fait de prendre la tête de AGIR : Action pour gérer de l’Intérieur la République. Evidemment ma mémoire flanche ici, mais AGIR a bel et bien existé en 84-85 dont le QG était plus ou moins à SOGUDIP à l’époque animée par les jeunes héritiers de Mamadi Keïta et Mamadi Kaba (figures de proue de la dictature du régime de Sékou Touré), très vite recyclés dans la nouvelle république des militaires en 1984 . Cela a donné une belle librairie, un canard qui avait le meilleur design de l’époque, l’Indépendant. Mohammed Barry (élevé par les tortionnaires de son père qu'il ne pouvait pas connaître, il n'avait que 3 mois à la mort de ce dernier), s’est fait la main ainsi en jouant le mousquetaire de certaines élections où il a palpé beaucoup de pognon. Comme Kiridi plus tard :
« Grand frère, as-tu jamais vu autant de fric de toute ta longue vie ? »,
Ainsi se gonflait ce héraut qui a pu rouler un Sassine avec son inoubliable Alphabête (2) (ça ne s’invente pas), devant l'autre opposant-artiste historique, qui croit toujours que la culture sert à quelque chose.. En Guinée, les élections vous enrichissent soit en amont soit en aval. Tuer les plus jeunes et enrichir les vieux jeunes. Les premiers ont fait des études ou plutôt ont acheté leur travail après leurs études. Les seconds ont fui le village comme leurs pères avant, qui ont dû déguerpir de Kapororails et retourner qui à son roundè (carré d'anciens captifs au Fouta, qui à son hourgo ("concession") ou bowal (plaine).. Ils sont pour la plupart Bac plus 2, 3, 4 ou 5. Pour rien.
Quel rapport tout ceci, avec la culture ?
Il faut comprendre que la culture n’est pas seulement ce qui vous reste quand vous avez tout perdu.
La culture en Guinée, c’est ce qui vous manque quand vous croyez tout (s)avoir.
Voilà donc le terreau de la Culture en Guinée : les Arts, entendez les tam tams, les librairies par terre et maintenant les portables dans une des nombreuses poches ou à chaque doigt manucuré de la gamine qui porte culotte au lycée et aubade (string) en faisant les poches aux « papas » dans les taxis, quand elles ne font pas les michetonneuses de bureau en bureau. Boîte de nuits huppées pour enfants gâtées, c’est le cas de le dire. Miss Guinée en friperies par-ci, miss Guinée par-là. S’époumonant, en nageant dans la poussière détrempée par la sueur :
Coya yé !
Yaou’ fo’mé !
Emissions phares à la R-PDGtv comme « Culturellement votre », sans accent circonflexe s’il vous plaît.
Mamayas à tout bout de ruelles coupées en deux par un match de foot ou par Makanera Kake, l’aboyeur de l’Arc-en-ciel, la Parti-Etat. Le must du Palais du Peuple avec Manding zouk (ou soul) de notre Bambino national où les divas de la capitale vont rivaliser d’orgasmes avec hémorragie de nos francs qui ne valent que dalle. Qu’il est difficile de n’être pas scatologique à regarder cette débauche de triche et de nouveaux riches !
Mon petit camarade Koly et son Kotèba Nabé droit venu d’Abidjan joue devant le vide officiel pendant que la Troupe « nationale », n’a que ses larmes à déverser sur la mangrove de Kaloum. Qu’y peut mon autre petit copain ministre de la culture qui n’a pas eu un rotin pour aller à Boké, noyauté par un cabinet qu’il ne peut pas renouveler, Pourquoi ? Allez le demander aux multiples cabinets présidentiels où tout se décide dans son dos avec beaucoup de bruit de chasse d’eau... Du guichet unique, plus de 40 milliards ont glué dans les plâtras de Boké où les chantiers du 54è anniversaire du Non à la liberté et oui à la pauvreté, ne finiront pas avant le 55è anniversaire à Nzérékoré. D’ailleurs Aahaï-Présdent Alpha n’a vu que la parade militaire et a entrainé sa horde hors de ce merdier culturel qui a été bien décrit par les journalistes de Koloma et de Boulbinet devant ou plutôt vis-à-vis pour parler comme eux devant leur nouveau ministre.
A real mess dirait l’anglophone.
Un bordel, sauf votre respect mesdames.
Pendant ce temps, le préau universitaire, malgré ses 21% de "succès" au Bac, continue de déverser ces dizaines de futurs chômeurs dans les institutions de formation universitaire où le public et le privé rivalisent dans la médiocrité; d’ailleurs il n’y a plus de privé : les structures de formation qui poussent comme des champignons vénéneux en Guinée, sont grassement financées par le contribuable pour aider à la relégation universelles des jeunes dans la délinquance. A charge pour ces derniers de trouver « le pécule » dans la prostitution scolaire et dans l’art de vivre des chauves-souris : « voler la nuit et dormir le jour », comme le font les jeunes de Banlieue décrits par l’humoriste Jamel Debbouze.
A moins de séquestrer leurs enseignants comme ce fut le cas à l’ISEG (ex Ecole normale supérieure de Manéah). Troubles récurrents après ceux de l’ISSAG (Institut Supérieur des Arts de Guinée) où le Pouvoir a fini par faire la peau de Siba Fassou dit « Comnos », remplacé par des littérateurs. Siba a étudié les arts à l’Ecole du même nom de Dakar, avant d’aller se « surformer » (comme on dit en coco la la, le français ivoirien du Moussa guinéen) en Belgique. Il n’y avait pas son deux en Guinée; on lui reprochait de bouffer le pécule des « étudiants ». De qui se moque-t-on ? D’où vient le pognon de l'université Koffi Annan, propriété d'un puissant conseiller-ministre à la présidence ? Du bradage, entre autre rapines d’ENTAG-Henriette Conté. D’où vient la nouvelle Université (faculté de médecine), propriété du même "Docta" untel, qui trouve qu'il faut jeter toute l'oeuvre de Marx à la poubelle, perle rare obtenue avec quelques jetons, un milliard de glissants soutirés à Mamadou Sylla, prédateur du privé, enrichi pendant la précédente dictature molle, celle du général Conté, qu'il fit chanter :
Sinon je publie les audits.
Alors que quelque 500 m2 du terrain nu valent 1 milliard !
Première faculté de médecine de guinée. Une faculté de médecine privée, cela est rare, très rare. Mais en Guinée tout ce qui est rare n’est pas forcément cher. Quand on a le pouvoir de signer des décrets. Suivez mon regard.
Bref, pour longtemps encore, l’ascenseur social sera bloqué dans les sous-sols en Guinée. (Encore Jamel Debbouze). Façon de parler. En Guinée, il n’y a pas de sous-sol, sinon on ne « vivrait » pas des incantations sur « le point d’achèvement de l'initiative (un jeune de Kobaya a parlé du point d’ATTENTE de..) des PPTE ! ».
Pour la culture/Culture ce sera à suivre..
Depuis les cailloux des Rivières du Sud,
Salut de fatigue, salut de moustiques !
Saïdou Nour Bokoum
Notes (1) : l'un, Mohamed Touré est donc le fils de Sékou Touré, dirige le PDG actuel sous le "règne" d'Alpha Condé, père du second, Mohamed Condé, fils d'un premier mariage. Tous deux incontournables à la présidence. Depuis 54 ans, c'est le "changement" dans la continuité.
(2) Alpha Condé n'était encore qu'opposant historique"..