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Billet de blog 17 février 2019

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L'école de la confiance va conduire à son ubérisation

Au royaume de la novlangue blanquerienne et macronienne qui s’exprime à plein régime, il ne nous faut plus parler de suppression ou de fermeture mais employer le vocable redéploiement.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au royaume de la novlangue blanquerienne et macronienne qui s’exprime à plein régime, il ne nous faut plus parler de suppression ou de fermeture mais employer le vocable redéploiement.


Et ce redéploiement s’exerce de manière magistrale dans tous les coins de notre éducation nationale. A y regarder de plus près :
- Dédoublement des cp ce1 et donc redéploiement des postes, concrètement, nous sommes le pays développé qui a le plus d’élèves par classes 23 en élémentaire et 25 en maternelle dans lesquelles 7% de nos élèves sont à plus de 30 élèves mais le discours ministériel ne s’attache qu’au dédoublement des CP CE1 qui ne concerne au final que 10% de ces classes et encore moins au regard de l’ensemble de la scolarité d’un enfant.


- Déployer les infirmières en inter degrés , ces personnels gèrent ainsi des milliers d’enfants au lieu de quelques centaines, vraiment elles sont formidables !
- Déployer les postes pour satisfaire la gadgétisation de l’apprentissage mathématique, là où les Singapouriens ont investi dans des centaines d’heures de formation nous allons détacher des CPE pour cela , au diable l’avarice !
- Déployer les aesh au sein des PIAL, leur faire faire un accompagnement « prestidigitationnel » au lieu de se consacrer à l’accompagnement d’un ou deux élèves, elles vont se déployer de la petite section au BTS grâce à la soixantaine d’heures de formation promise et l’Etat pourra alors licencier celles qui n’en sont pas capables, bel exemple d’inclusivité
- Déployer l’augmentation budgétaire de 800 millions ou comment nous faire croire que le budget a été augmenté alors que c’est une baisse historique de ce dernier, car il faut bien payer 215 millions pour les AESH en lieu et place du ministère de la santé , quelques deux milliards chaque année pour financer le SNU et ainsi M. Blanquer, sans sourciller, peut se targuer d’augmenter le nombre de places en ULIS sans aucune augmentation budgétaire .
Car tous ces dispositifs non budgétisés grèvent de plus en plus lourdement le quotidien et le vote de la loi Blanquer va encore l’ aggraver :
- La visite médicale des trois ans qui doit être prise en charge par l’école alors que le nombre de médecins est en chute libre et que l’on demande aux infirmières de se dédoubler déjà, sera peu réalisée ou se fera au détriment du suivi en élémentaire et en collège
- L’obligation d’instruction à 3 ans et son financement approximatif, payé à certaines communes, durant un certain temps mais pas à d’autres et qui devront alors ponctionner d’un côté, côté public, pour alimenter cette nouvelle ligne budgétaire en locaux, transport, ATSEM….
- Les drapeaux à exhiber dans nos classes- pourquoi pas une mèche de cheveux porte bonheur de notre ministre- coûteront également à nos écoles au-delà du symbole présagé déjà bien stipendié par l’article 1 de la loi Blanquer.
- Les écoles du socle vont nous précipiter à la merci des desiderata parentaux qui vont pouvoir exercer sur les politiques de proximité toutes formes de pressions et la fin du CAEN tel qu’on le connait ,avec tous ces errements, ne pourra plus rien signer d’autre que la parole blanquerienne, il ne sera dès lors plus possible de porter un regard sur l’éducation nationale non assujetti à la parole ministérielle.


L’ubérisation de notre métier, créée de facto par l’école du socle votée par un parlement étique, doublée d’une ambition limitée pour l’Ecole aux contours de celle de notre ministre, va donc transformer notre métier au gré du clientélisme politicien.

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