Au début des années quatre-vingt, le Doyen Ali El Hili, dont nous avons célébré, aujourd’hui samedi 30 novembre 2013, à la Faculté des Sciences de Tunis, le quarantième jour de son dernier voyage, a été séquestré toute une journée dans les locaux administratifs de la Faculté par un groupe d’étudiants islamistes et a été même menacé de mort : ces énergumènes, munis d’armes blanches, lui avait passé la corde nouée autour du cou. Par son courage, sa patience, son calme et son tact légendaires, il a su comment dialoguer avec eux, désamorcer la tension et dénouer (c’est le cas de le dire !), pacifiquement, cette opération violente de prise d’otage, sans l’intervention des forces de l’ordre. Par la suite, les autorités de tutelle ont demandé au Doyen Ali El Hili de porter plainte contre ses agresseurs. Il leur a répondu que, ne les connaissant pas, il ne pourrait le faire. En vérité, lui qui tenait, d’une main de pédagogue, sa Faculté, qui connaissait à merveille, tous ses coins et recoins, tous les groupes et groupuscules opérant sur le campus, avait identifié bel et bien ses agresseurs dont l’un des meneurs, élève à l’ENIT (École Nationale d’Ingénieurs de Tunis), est, aujourd’hui, membre du Gouvernement islamiste. Rached Ghannouchi, Président-fondateur et grand Gourou du parti islamiste tunisien Ennahdha, depuis cette époque, parti actuellement au pouvoir, a tellement apprécié cet auguste comportement du Doyen Ali El Hili qu’il lui a envoyé une lettre de remerciements. Cependant, au décès du Professeur Ali El Hili, ledit ministre et ledit grand Gourou furent aux abonnés absents : pas le moindre coup de téléphone, pas le moindre télégramme, pas la moindre lettre, pas le moindre bouquet de fleurs, ni à la cellule familiale du défunt, ni à sa famille universitaire, ni à sa famille écologique ! « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? ». Quant à la vraie raison du refus du Doyen Ali El Hili de porter plainte contre ses agresseurs, il nous l’exprimera plus tard en une phrase « Le père ne porte jamais plainte contre son enfant, ni le professeur contre son élève ».
Pour terminer, je prends la liberté de reproduire ci-dessous ce que j’ai écrit, ce matin, sur le Livre d’or du regretté Ali El Hili :
Ami Ali !
Comme Professeur, tu as toujours eu beaucoup de respect pour tes étudiants,
Comme Chercheur, tu as toujours eu beaucoup de respect pour tes élèves,
Comme Doyen, tu as toujours eu beaucoup de respect pour tes collègues,
Et comme Humain, tu as toujours eu beaucoup de respect pour les espèces animales et végétales.*
Repose en paix, l’ami !
Salah HORCHANI
*Physicien de formation, mais ornithologue par don et par passion, Ali El Hili a fait de son Association, « Les Amis des Oiseaux », une efficace organisation pour la défense et la sauvegarde de l’environnement, de la flore et de la faune tunisiennes. Son incessant combat pour la protection de l’outarde Houbara et de la gazelle du Sahara tunisien, dont les « beaux yeux noirs ont été chantés par les poètes », écrit-il, contre les braconniers de tous genres et, principalement, ces cheiks et riches des pays de l’Arabie, est légendaire. Voir à ce sujet, par exemple, son article intitulé «L'outarde houbara-Pourquoi le président déchu a vendu aux émirs saoudiens le sud tunisien», paru sur le lien :
http://www.leaders.com.tn/article/l-outarde-houbara,
article qui donne, entre autres, un avant-goût du système de corruption pratiqué par ces bédouins d’Arabie, bédouins qui sont passés"des tentes dans le désert aux palaces cinq étoiles, des chameaux aux Ferrari".
Avec l’avènement du pouvoir islamiste en Tunisie, le massacre de ces créatures « aux beaux yeux noirs » ne s’est pas arrêté, mais, plutôt, il a tendance à continuer en s’aggravant, principalement de la part de nos nouveaux protégés, les qataris, les émiratis et les koweïtiens ; voir, à ce sujet, mon article et ses commentaires, avec ses horribles et insoutenables photos, paru sur le lien suivant :
où l’on trouve, aussi, la raison principale du massacre des gazelles.