Hajer Driss, le jour du réveillon de la Saint Sylvestre 2016, aux environs du Djebel Chambi en Tunisie, le mont élu des terroristes, lors de la Caravane de solidarité avec l'armée nationale et les forces de sécurité, dont elle est l’une des organisatrices, caravane qui a passé le réveillon du nouvel an en leur compagnie, au cœur du Djebel Chambi, dans un camp militaire aménagé pour l’occasion, à 800 mètres d’altitude et, peut-être, à autant de mètres des terroristes, avec comme slogan «Le terrorisme, même pas peur !» *.
Le baisemain de Hajer
Au début, elle l’a salué de façon habituelle
Elle a trouvé sa main froide, comme sortant d’une glacière
Il a dû, probablement, passer sa nuit au sein du Djebel
Son regard était triste, celui de quelqu’un qui a souffert
De ces conditions de combat hors du commun, exceptionnelles
Elle a pensé qu’il aurait pu, avec son juvénile air,
Être son fils combattant ces terroristes rebelles
Elle s’appelle Hajer
Le prénom de la mère d’Ismaël
Par ce baisemain à un militaire
Par ce baisemain inhabituel
Par sa posture princière
Et l’émotion qui se dégage d’elle
Elle a mis en lumière
Notre gratitude réelle
Notre reconnaissance sincère
Pour l'engagement sacrificiel
Des forces militaires et sécuritaires
Dans des conditions difficiles et cruelles
Un pied ici, un pied au cimetière
En risquant embuscades, mines antipersonnelles
Sévices, décapitation, attentats suicidaires
Sans oublier leurs proches et leurs souffrances plurielles
Se couchant le plus souvent, sans aucun confort, par terre
Mangeant leurs portions à la va-vite dans des gamelles
Tout cela pour rendre plus douce notre vie éphémère
Pour nous protéger en nous prenant sous leurs ailes
En combattant Daech et ses loups solitaires
Tous azimuts, en ne faisant pas dans la dentelle
Guidés par leur bravoure et leur dévouement exemplaires
Ne craignant ni épreuves, ni blessures mortelles
Leur raison d’être est la défense de notre patrie-mère
Contre les forces barbares et démentielles
Dont le but est de nous faire plier, nous faire taire
Et d'instaurer leur choix de société criminel
Datant de quatorze siècles en arrière
Dont la femme est le centre obsessionnel
Projet qu’ils partagent avec nos gouvernants d’hier
Ceux qui, au « frère » Morsi, sont encore fidèles
Quant à nous, de nos femmes, nous ne pouvons qu’être fiers
Le jasmin refleurira, surtout, grâce à elles
Trois commentaires sur la photo lus sur Facebook :
Rezgui Noureddine Cette photo est sublime de spontanéité et de reconnaissance, un geste noble de quelqu'un qui sait ce que gratitude veut dire. Et ce soldat fait un devoir avant de faire un métier, il défend la Tunisie et prend tous les risques. Hajer bravo, mille fois bravo pour avoir fait ce geste, et bravo déjà d'avoir choisi d'être avec les autres à Chambi, symbole de résistance. Hrayer Tounes [Femmes libres de Tunisie], vous ne cessez de nous surprendre et de défendre les valeurs les plus nobles. Kobla ala jabinek ! [Un baiser sur ton front !].
Feten Rezgui : Désolée ya Hajer mais un soldat on lui fait un salut militaire et pas un baisemain ! Tu ne trouves pas que c'est du populisme toute cette mise en scène ?
Hajer Driss : Feten ça ne mérite pas toute cette philosophie ...ce n'est pas une mise en scène, c'était spontané. C'est un soldat qui a l’âge de mon fils, je lui ai tendu la main pour le saluer, ce sont des mains gelées et un regard triste et j'ai fait ça avec spontanéité sans mise en scène sans calcul ...
Note ajoutée le 5 janvier 2016 : à l’attention des lecteurs arabophones
Dans la vidéo ci-dessous, on retrouve, à partir de la minute 39:20, l’intervention de Hajer dans l’une des émissions politiques phares de la chaîne El Wataniya 1 (l’équivalent de France 2 en Tunisie), décrivant les conditions de prise de la photo ouvrant cet article :
https://www.youtube.com/watch?v=emAMChBey_w&sns=fb
Note ajoutée le 6 janvier 2016 : Vœux à l’Humanité émanant des participants à la Caravane de solidarité avec l'armée nationale et les forces de sécurité :
Salah HORCHANI
*http://www.huffpostmaghreb.com/2015/12/21/mont-chaambi-terrorisme_n_8853538.html