Sans oublier la goulettoise Gisèle Halimi [6],
La Femme des deux-rives et de tous les combats,
À commencer contre le sexisme et la misogynie,
Mais que l’on retrouve aussi là où on ne l’attendait pas
Elle a réservé ses premières actions à sa natale Berbérie,
Territoire origine de ses ancêtres, à l’époque de la Phénicie,
En s’engageant, pendant huit ans, pour l’indépendance de l’Algérie,
Après avoir milité pour celle de son propre pays, la Tunisie
Aussi, pour cela et ce qui suit,
Elle est notre Kahina d’aujourd’hui
Avocate de talent qui, à vingt et un ans,
A plaidé devant les tribunaux d’exception
Pour Habib Bourguiba qui fut son premier client,
Alors, en exil dans la forêt de Chantilly [7],
Purgeant une nième peine pour sa Patrie
Elle n’était, à cette époque, qu’avocate stagiaire,
Par la suite, elle s’est inscrite au barreau de Tunis
Où elle exerça jusqu’à 1956,
En défendant ses compatriotes nationalistes,
Simples citoyens, activistes ou syndicalistes,
Car, l’UGTT [8] fut, avec le Parti bourguibiste
Et les cadres et militants du Parti communiste,
Le vivier de la lutte anticolonialiste,
Et c’est à Paris qu’elle poursuivra sa carrière
Figure de proue de la féminine condition,
Défenseuse des femmes qui souffrent en catimini,
Son procès qui fut le plus retentissant,
Qui fut d’ailleurs porté au petit écran,
C’est sans aucun doute celui de Bobigny,
Le procès politique de l’avortement
Dont il a sonné le glas de la criminalisation,
Elle a fait valoir dans sa passionnée plaidoirie
Que violer une loi injuste, c’est militer pour la démocratie
Dans sa multitude de combats politiques, elle fut aussi
Un soutien constant de la Palestine et ses revendications,
Avocate de son Organisation de Libération,
Avec, en premier, l’illustre Marwan Barghouti,
Dont elle a assuré la défense, dernièrement,
Bien qu’âgée de près de sept douzaines de printemps,
Et, avant elle, du FLN et des deux Djamila,
À savoir, Bouhired et Boupacha,
Qu’elle a sauvées du poteau d’exécution *
Salah HORCHANI
[6] Je profite de cette circonstance pour rappeler le combat, tous azimuts, un peu oublié de la Tunisienne Gisèle Halimi. Qui plus est, les relations privilégiées que le citoyen Habib Bourguiba avait nouées avec elle, depuis 1948, me permettent de croire qu’elle a, probablement, eu une influence sur l’adoption du Code du Statut Personnel, en 1956, et de l’encadrement légal de l’Interruption Volontaire de la Grossesse, en 1973, deux années avant la promulgation de la Loi Veil, en France !
* Extrait de mon poème intitulé «Tunisie - Aux femmes de mon pays - À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes », paru dans :