Les agences de presse et les spots publicitaires nous ont informé que la marque "Tunisiana" va disparaître au profit d’"Ooredoo". L’annonce officielle de cette disparition va se faire, en grandes pompes, le jeudi 24 avril 2014, dans l’enceinte du Musée du Bardo.
Étant client chez Tunisiana, j’ai voulu savoir un peu plus sur ce que cache le label "Ooredoo". Avec quelques clics de ma souris, j’ai appris, à ma grande surprise, qu’Ooredoo, anciennement "Qatar Telecom" (jusqu'en mars 2013), est une méga-société de télécommunication qatarienne couvrant divers secteurs et possédant plusieurs filiales, que Qatar Telecom a décidé, en février 2013, de se faire, désormais, plus discrète * en changeant, progressivement, le nom de toutes ses filiales en le nom unique de Ooredoo (transcription anglaise de "je veux" = " أريد " , en arabe) et que le groupe Qatar Telecom a racheté, à coup de dizaines de milliards de dollars, plusieurs opérateurs des pays arabes. Ainsi, il détient plus de 90% des actions de Tunisiana, depuis que le gouvernement islamiste tunisien lui a cédé, fin décembre 2012, la majorité de ses actions **. Ce qui explique le changement annoncé du nom de baptême de Tunisiana en Ooredoo.
En outre, Ooredoo, qui est une entreprise dont le chiffre d’affaires s’élève à plusieurs milliards de dollars par an, compte près de 100 millions de clients à travers le monde et a comme patron le Cheikh Abdullah ben Mohammed ben Saud Al Thani, membre de la famille royale qatarienne, cousin de l’Émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, ce dernier est le propriétaire, entre autres (et quel entre autres !), du Paris Saint-Germain Football Club (PSG), comme tout un chacun le sait. Toutes ces "affaires" entre cousins expliquent le fait que le nom d’Ooredoo figure sur le dos du maillot de l’équipe parisienne, ainsi que sur les panneaux publicitaires de son stade (le Parc des Princes), et que le centre d’entraînement du club, portant initialement le nom mythique de «Camp des Loges », s’appelle, depuis septembre 2013, « Centre d'Entraînement Ooredoo ». De plus, Tunisiana-Ooredoo sponsorise, depuis octobre 2013, les quatre plus grands clubs de football en Tunisie, à savoir le Club Africain (CA), l'Espérance Sportive de Tunis (EST) le Club Sportif Sfaxien (CSS) et l’Étoile Sportive du Sahel (ESS), et Ooredoo et le PSG ont lancé un programme de coaching qui comprendra des stages de football auprès du PSG ***, au profit des jeunes footballeurs tunisiens. Ah ! Football-opium-du-Peuple-vecteur-d'aliénation, quand tu nous tiens !
Au vue de ces informations, étant donné que je ne souhaite pas être écouté par des oreilles qatariennes, ni rouler pour ces Cheikhs rabat-joies des printemps arabes, et pour épargner un tant soit peu ma conscience, j’ai décidé de quitter Tunisiana-Ooredoo, bien que cela apparaisse comme étant un combat du pot de terre contre le pot de fer.
Quant à la cérémonie de re-baptême prévue, quelle flétrissure pour notre Musée national ! Monsieur le Ministre de la culture, où êtes-vous ?
En conclusion, si le mot "Ooredoo" signifie "je veux", mon slogan en téléphonie mobile est, dorénavant :
"La Ooredoo Tunisiana wa la Ooredoo wa la Qatar ! " (Je ne veux ni de Tunisiana, ni de Ooredoo, ni du Qatar !).
Salah HORCHANI
* À cause, probablement, de la qatarophobie qui a commencé à se manifester, par-ci par-là ; voir à ce sujet, ainsi qu’au sujet des raisons qui ont conduit à cette qatarophobie, par exemple, mon article (et sa centaine de commentaires) intitulé « Le qatarisme, ce fléau qui nous menace ! Aujourd’hui, la Tunisie, et demain, qui sait, la France ! », paru dans Agoravox sous le lien :
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-qatarisme-ce-fleau-qui-nous-135242
et les deux ouvrages suivants :
a. Le Vilain Petit Qatar, par Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget (Fayard, Paris, 2013).
b. Qatar-Les secrets du coffre-fort, par Georges Malbrunot et Christian Chesnot (Michel Lafon, Paris, 2013).
Cette qatarophobie aurait joué dans la destitution, qui aurait été "décrétée" par l’Oncle Sam, à l’encontre de l’Émir Hamad du Qatar, en faveur de son fils Tamim ben Mozah/Hamad.