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Il arrive que la discipline appelée abusivement « Intelligence artificielle » (IA), désignée, aussi, moins pompeusement, par « Objets, Données, Connaissances » et que l’on pourrait appeler moins prétentieusement l’ICG ( = Informatique cognitive et générative ) [1], se gourre. En effet, pour illustrer trois de mes articles qui ont été repris dans Le Grand Soir (LGS), le service IA du LGS a choisi une même et unique photo qui ne correspond absolument pas aux sujets qui y sont traités [2]. Puisque les titres de ces articles sont : « La Tunisie de Kaïs Saïed - Et si l’on parlait de…socio-économique ! », « Tunisie - À propos du verdict du Procès de la Honte » et « Nos vœux, nous Tunisiens, pour 2025 », et la photo choisie pour les illustrer tous les trois est celle de Pierre Mendès France effectuant « une visite éclair à Tunis en tant que président du Conseil, le 31 juillet 1954, dans le cadre de l'annonce de l'autonomie interne de l’État tunisien » [3], comme le montre la photo ouvrant ce billet. Une telle erreur réitérée ne pourrait pas être humaine, surtout dans le LGS, « Journal Militant d’Information Alternative », parmi les médias francophones en ligne, les plus anciens et les plus lus, « qui essaie de donner à lire et à réfléchir » [4].
Compte tenu de l’engouement massif du grand public pour l’IA - surtout depuis le lancement de ChatGPT sur le marché dont on peine à comprendre le fonctionnement et les implications [5] - qui est comparable à celui pour internet à la fin des années 1990, mais laissant pointer plus de craintes et merveilles, poursuivons la critique de sa dénomination abusive amorcée à l’ouverture de ce billet.
« À l’intersection des sciences mathématique et informatique, une intelligence artificielle fonctionne concrètement comme un système entrée-sortie : une fonction mathématique qui apprend, à partir d’une base de données, à fournir les réponses correctes à des questions précises, dans le but de maximiser un objectif défini. En toute rigueur, il faudrait parler d’"automates computationnels", expression nettement moins flatteuse mais plus juste » [6]
En vérité, « il n’y a pas d’intelligence artificielle : parlons d’automates numériques [fonctionnant] grâce [ principalement] à des calculs probabilistes effectués par des algorithmes sur des quantités massives de données préalablement collectées, stockées et indexées [par l’homme] au moyen de certaines opérations mathématiques très spécifiques largement empruntées à la Physique mathématique, [automates numériques qui] n’apprennent pas et n’inventent pas. Contrairement à ce que le vocable d’"intelligence artificielle" pourrait laisser penser, ils n’ont rien d’intelligent. L’intelligence, en effet, ne se limite pas à la faculté de calculer : "une chose est le calcul ou le traitement des données, autre chose est l’invention, [et] "pas d’invention sans risque de se tromper ", écrivait le philosophe et scientifique Georges Canguilhem » [7]. Et l’on retrouve ici, le fameux « Si enim fallor, sum» ( = « Si je me trompe, je suis » ), développé dans La Cité de Dieu du Carthaginois Saint Augustin, précurseur du « Je pense, donc je suis » de Descartes, parenté que ce dernier a toujours récusée alors qu’il « avait lu La Cité de Dieu et connaissait donc nécessairement le cogito augustinien avant la fin de la rédaction de ses Méditations où il a exprimé son propre cogito » [8].
En conclusion, à propos du débat sur le rôle de l’Intelligence artificielle et sur sa supériorité éventuelle sur celle de l’homme, j’emprunte une réflexion du philosophe Raphaël Enthoven - auteur de L’esprit artificiel- Une machine ne sera jamais philosophe , aux Éditions de l'Observatoire - qui dit en substance : « La machine est là pour suppléer nos faiblesses, pour seconder nos insuffisances, la confection d’outils témoigne depuis toujours de nos imperfections. Depuis la préhistoire l’homme a inventé des outils pour faciliter ses tâches ( il est plus facile d’enfoncer un clou avec un marteau qu’avec le poing !), mais c’est toujours l’homme qui tient le marteau, c’est-à-dire qui maîtrise l’outil » [9].
Et, en réponse aux réticences, par Kaïs Saïed vis-à-vis de l’IA, manifestées
Et cela, en appelant nos jeunes, que sur leur propre intelligence, à ne compter [10]
Qu’il sache que l’Intelligence artificielle est une immense opportunité
Pour l’humanité, dans des domaines scientifiques et technologiques variés
Qu’elle est un instrument, et loin d’être le concurrent, de l’humaine pensée
Un instrument grâce à qui notre temps est libéré et optimisé
Permettant d’augmenter notre capacité, sur d’autres problèmes, de nous concentrer
Plus complexes et plus durs qui sont étrangers à son domaine d’activité
Qu’il faudrait, à l’échelle nationale, une vision et une stratégie, élaborer
Pour que son potentiel, en vue du développement du pays, soit exploité
Dans notre monde, par les technologies numériques, de plus en plus façonné
Pour stimuler l’emploi, la croissance et le développement, l’IA est la clé
Elle démocratise l’accès à l’éducation, la santé, aux services financiers
Aux marchés, ouvrant des perspectives en matière d’entrepreneuriat, de citoyenneté
Elle autonomise les régions et réduit considérablement les inégalités
Il faut faire croître les capacités en IA, pour que ces innovations soient amplifiées
Améliorer et renforcer les formations dans le numérique est une urgente nécessité
L’investissement des services digitaux dans les infrastructures est un passage obligé
Pour profiter des opportunités créées par l’IA aux titanesques potentialités
Pour rattraper notre immense retard, la fracture numérique n’étant pas encore éradiquée
Qu’on se le dise, l’IA est désormais une réalité obligée qu’on ne peut plus ignorer
Depuis le lancement de ChatGPT, fin 2022, dans la salle de classe, elle est entrée
Pas du côté du corps enseignant, mais, surtout, chez les élèves, son usage s’est généralisé
Alors qu’en France, par exemple, l’IA est, seulement par 20 % des enseignants, utilisée [11]
Après tout, le ChatGPT ne fait que plagier des contenus sur internet et les condenser
Et, souvent, de telle IA générative reste muette, parce que politiquement orientée
Ainsi, les « droits humains en Chine», d’après DeepSeek, le puissant ChatGPT chinois, sont respectées [12]
Mais, d’après , le ChatGPT, « de nombreuses pratiques en Chine ont été documentées et condamnées
Par les institutions internationales (ONU, ONG) », parmi lesquelles on peut citer : « travaux forcés
Détention de masse, séparation familiale, répression culturelle, vaste censure, torture alléguée »
Il s’agit d’accepter cette nouvelle donnée, de réfléchir à la manière de l’apprivoiser
Et de s’atteler à inventer les pratiques y afférant, modifiant la façon d’enseigner
En commençant par exiger une formation à l'IA pour tous les enseignés, à tous les degrés
Afin que tout le monde comprenne comment ça marche, sache l’employer à bon escient, la démystifier
Puisse cerner ses erreurs avec l’aide d’un référent à qui s’adresser en cas de difficulté [13]
Et soit convaincu qu’elle n’est qu’un outil qui peut se tromper, non amené à s’autonomiser
Et, pour ce faire, les enseignants à intégrer l’IA dans leurs tâches pédagogiques, il faut les former [14]
Et, « des solutions existent pour permettre de contourner les menaces, sur notre [école], qu’elle fait peser »
Qui exigent le retour de « la discussion dans le cursus scolaire et, surtout, l’oral exposé
Seul [ et unique] moyen de s’assurer que [les enseignés] sauront repérer les erreurs, les biais
Et les "hallucinations" , autrement dit les fausses informations que la machine présente comme [vérité] » [15]
Tout un programme incontournable qui doit être réglementé en sorte que l’IA soit, sur l’humain, centrée [16]
Comme souhaite le faire l’Union européenne avec des règles d’éthiques imposées [17]
La maxime « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » est toujours d’actualité
Et ce programme incontournable est là pour concilier Kaïs Saïed avec l’IA et l’éclairer
Pour que son Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement atteigne le succès
Conseil initié dans sa constitution puis dans un décret présidentiel au printemps dernier
Et dont le siège fut l’objet de trois visites de sa part depuis le début de l’été passé
Avec, à chaque fois, des interventions populistes que sa presse propagandiste diffusent amplifiées [18]
Le renouveau de l’éducation et l’enseignement ne doit pas à des slogans se limiter
Et à des discours réducteurs, des connaissances scientifiques et leur actualité, déconnectés [19]
Salah HORCHANI
[1] Voir, à ce propos, les liens suivants :
https://www.ibm.com/fr-fr/think/topics/artificial-intelligence
https://www.ibm.com/fr-fr/think/topics/cognitive-computing
https://www.ibm.com/fr-fr/think/topics/generative-ai
[2] https://www.legrandsoir.info/_salah-horchani_.html#pagination_articles
[4] https://www.legrandsoir.info/?page=qui_sommes_nous
[6] https://www.monde-diplomatique.fr/2024/11/CHAIX/67724
[8] https://hal.univ-reunion.fr/hal-02992452v1/document
[9] Voir la vidéo suivante, de la minute 5 : 25 à la minute 14 : 25.
https://www.youtube.com/watch?v=GR067EHlHB4
[10] https://www.legrandsoir.info/tunisie-kais-saied-et-l-intelligence-artificielle.html
[14] Voir, dans ce contexte, le lien suivant.
[16] https://lejournal.cnrs.fr/dossiers/comment-lintelligence-artificielle-va-changer-nos-vies
[17] https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/policies/regulatory-framework-ai
[18] Voir, par exemple, comment son intervention lors de sa dernière visite, rapportée dans la vidéo ci-dessous, fut amplifiée, de façon combien ridicule, par son organe de propagande, le quotidien La Presse, dans le lien qui la suit.
https://www.facebook.com/reel/24954746650875788
[19] Extrait, modifié et substantiellement augmenté, de [10].