Moncef Marzouki, Président provisoire de la République tunisienne, a déposé, au matin de ce samedi 20 septembre 2014, au siège de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections, sa candidature pour les élections présidentielles dont le premier tour se déroulera le 23 novembre prochain, et ce, en tant que « candidat indépendant », comme l’a confirmé, par la suite, Adnène Mansar, directeur de sa campagne électorale, au cours d’une conférence de presse dont les participants, soit dit en passant, ont été triés sur le volet [1],[4] . Cela constitue le premier mensonge du Président-candidat, qui nous en a servi d’autres [2], et un éclatant démarrage de sa campagne électorale qu’il a placée sous le signe de la « Transparence », en affirmant dans sa première déclaration à la presse : « Ma candidature est un exemple de transparence » [3].
En effet, Moncef Marzouki est le Fondateur-Président-d’honneur du CPR (Congrès pour la République) et Adnène Mansar est l’un des membres du bureau politique de ce parti. En outre, Adnène Mansar était, jusqu’à ce jeudi 18 septembre 2014, porte-parole officiel et chef du cabinet du Président Moncef Marzouki. De plus, la fine fleur du dit parti a accueilli et accompagné le candidat Moncef Marzouki jusqu’au bureau de dépôt des candidatures aux élections présidentielles. Cette fine fleur était composée de plus de la moitié des membres du bureau politique du CPR, dont son secrétaire général, et des éléments de ce parti qui furent ministres dans les deux gouvernements islamistes dirigés par Ennahdha, le parti islamiste tunisien. D’ailleurs, parmi ces accompagnateurs, il y avait, aussi, des islamistes notoires, et même des extrémistes notoires et, semble-t-il, certains éléments des ex-Ligues de protection de la révolution (LPR) [ex-milices d’Ennahdha qui étaient proches du CPR et furent honorées par le Président Moncef Marzouki, en les recevant au Palais présidentiel de Carthage], dissoutes depuis par décision judiciaire [4]. Sur la photo-souvenir ci-dessus, prise à l’occasion de ce dépôt de candidature, on aperçoit une partie de cette fine fleur. Enfin, trente-cinq jours auparavant, le vendredi 15 août 2014, Imed Daïmi, Secrétaire général du CPR (à droite du Président-candidat sur ladite photo) a déclaré : «M. Marzouki est notre candidat naturel. Cependant, il n’a pas encore annoncé sa candidature à ce poste. De toute manière, on le saura pour bientôt puisque nous sommes à quelques jours des délais de l’ISIE concernant l’annonce des candidatures » [5]. En conséquence, il est on ne peut plus clair que notre Président-candidat a menti en se présentant devant la presse comme étant un candidat indépendant.
Quant à l’information concernant la seconde partie de mon titre relative à la chaine qatarie Al Jazeera, elle est mentionnée dans [1]. Qui plus est, deux jours avant le dépôt de sa candidature, le Président Moncef Marzouki a choisi, également, un média étranger pour communiquer la date de déclaration de sa décision concernant son éventuelle candidature aux élections présidentielles, à savoir ce samedi 20 septembre, et ce, dans une interview fleuve [6] qui contient, aussi, son lot de mensonges ; par exemple, il y déclare :
" وبعدما تخرجت من الجامعة عدت إلى تونس لأخدم هذا الشعب كطبيب للفقراء "
"Quand je suis sorti de l’Université, je suis revenu en Tunisie afin de travailler pour ce peuple en tant que médecin des pauvres" (sic).
Cela confirme, d’abord, le mépris que voue notre Président provisoire pour les médias nationaux et, ensuite, sa dépendance viscérale vis-à-vis des médias étrangers, principalement arabes et plus particulièrement celles alimentées par les pétro-machins : n’est-il pas un chroniqueur attitré d’Al Jazeera ? Voir, à ce sujet, par exemple, mon article intitulé « Le Président Tunisien Moncef Marzouki a travaillé dur cette semaine pour les Droits de l’homme… en tant que plume d’Al-Jazeera ! » [7].
Je ne peux terminer ce billet où il est question de Moncef Marzouki, d’Adnène Mansar et d’Al Jazeera sans citer une blague populaire qui fait actuellement le tour de Tunis :
Moncef Marzouki et Adnène Mansar sont dans un avion de retour du Qatar.
Adnène Mansar dit : Si je jette un billet de 10 dinars, je fais un heureux.
Moncef Marzouki lui répond : Moi, si je jette deux billets de 5 dinars, je fais deux heureux.
Le pilote soupire et dit à son copilote : Moi si je jette ces deux …. par-dessus bord, je rends 11 millions de tunisiens heureux !
Note ajoutée le 21 septembre 2014
Un ami Facebookeur de Genève, répondant aux initiales M.M. qui se reconnaîtra, a écrit, en réaction à mon billet, l’excellent commentaire suivant :
Le chevalier de la fidélité médiatique !
En règle générale et pour des raisons que tout le monde comprend , le premier discours de candidature de tout candidat-président consiste à communiquer la quintessence de son programme présidentiel aux médias nationaux , partant de la logique qui veut qu'il s'adresse en priorité à ses concitoyens qui sont jusqu'à nouvel ordre ses électeurs potentiels, via les médias nationaux , dans le but de leur exposer les grandes lignes de son programme électoral !
Sauf que notre président provisoire et candidat-président n'a pas oublié son statut de salarié de la Chaîne de télévision Al Jazira à laquelle il a adressé comme de bien entendu, la primeur de son message de candidat ; loyauté oblige !
Note ajoutée le 23 septembre 2014 : le Président-candidat serait un agent du Qatar et de l’organisation des Frères Musulmans !
« Le journal arabophone Akher Khabar a révélé, dans son édition du 23 septembre 2014, les tentatives du président Moncef Marzouki pour torpiller l’initiative égyptienne de résolution de la crise de Gaza en appliquant des consignes émanant du Qatar. Cette révélation vient de la part de l’ambassadeur de Palestine en Tunisie qui a adressé un compte-rendu au président Mahmoud Abbas, daté du 15 août 2014, suite à une réunion entre Moncef Marzouki et une délégation du Hamas. (...) il y a eu un dialogue entre Moncef Marzouki et le prince du Qatar. Dans ce dialogue, Moncef Marzouki aurait demandé le soutien du prince lors de l’élection présidentielle. Celui-ci aurait répondu : "On a fait pression sur Ennahdha pour soutenir votre candidature mais ils ont eu des réserves sur le sujet pour des raisons internes. Par contre, ils se sont engagés à ne soutenir aucun de vos adversaires à la présidentielle". Le prince du Qatar aurait proposé à Moncef Marzouki de poursuivre ses efforts en vue de créer une cour constitutionnelle internationale pour ensuite faire tout son possible pour imposer Marzouki en tant que président de cette cour s’il n’est pas réélu à la présidence tunisienne.
Les observations de l’ambassadeur contenues dans sa correspondance révèlent d’autres faits. En effet, le diplomate écrit que cette initiative du président Marzouki serait appuyée et soutenue par le prince du Qatar et l’organisation des Frères Musulmans. Il ajoute que l’objectif de Moncef Marzouki n’est pas tant celui de soutenir la cause palestinienne que de faire une campagne électorale prématurée et de rendre service au Qatar, son principal financier ainsi que de gagner la sympathie des Frères Musulmans »*.
*Extrait de :
À l’attention des lecteurs arabophones : Voir, aussi, le lien suivant
http://www.businessnews.com.tn/bnpdf/marzouki-palastine.pdf
où l’on trouve, intégralement, ledit compte-rendu, daté du 15 août 2014, que l’ambassadeur de Palestine en Tunisie a adressé au Président Abbas, compte-rendu qui a conduit le journal Akher Khabar à affirmer que Moncef Marzouki complote pour avorter l’initiative de paix égyptienne et s’emploie pour semer la discorde entre les Palestiniens.
Je reproduis ci-dessous la première et les deux dernières pages de ce compte-rendu :



Salah HORCHANI
[4] http://www.tunisienumerique.com/tunisie-alors-marzouki-independant-ou-pas-independant/235080
[6] http://www.alaraby.co.uk/politics/86b706fa-70c2-41a7-9ba8-6caf0fdad58e