Je ne connais pas personnellement chaque électeur de cette circonscription, mais on peut parier que, s'ils ont été capables dans le passé d'élire Mosco, ils sont tout aussi capables aujourd'hui d'envoyer Sophie Montel au parlement. Il n'y a guère de doute dans mon esprit que ce scrutin sera le coup de grâce du front républicain, sorte de cordon sanitaire érigé dans l'urgence des soirées électorales incertaines, et vite rangé au rayon des accessoires sitôt le danger immédiat écarté. Il faut quand même garder à l'esprit certaines évidences, celle-ci entre autres: pour qu'un cordon sanitaire fasse son oeuvre prophylactique, encore faut-il que ceux qui prétendent le mettre en oeuvre ne soient pas eux-mêmes facteurs de contagion. Or, en matière de corruption, de promesses non-tenues et de serments violés, les apparatchiks de l'UMP et du PS soulèvent bien plus l'hilarité générale, voire le mépris, que l'enthousiasme lorsqu'ils en appellent à la République. Sauvez la République, s'égosillent-ils d'un plateau l'autre. Sauvez-nous du désastre électoral, traduisons-nous in petto... Et comme cet appel à faire barrage au FN au nom de l'esprit du 11 janvier sonne misérable ! Comme apparait dérisoire cet appel à l'aide lancé aux gens de rien par ces gens de peu qui n'ont, le reste du temps, que mépris pour l'électeur...
L'Histoire n'est pas cruelle, elle est implacable. Elle ne tendra pas de main secourable à ceux qui s'apprêtent à introduire un loup de plus (Sophie Montel, diplômée d'histoire médiévale, chantre de l'inégalité des races) dans la... basse-cour, où cacquètent en coeur les volailles aux hormones qui ont fait carrière dans la politique en batterie. On n'est pas obligé, parce qu'on a été déçu, abusé et trompé, de plonger pour autant avec délices dans l'abjection, toute mémoire des drames récents du fascisme disparue."Faites bien attention à ce que vous demandez, car vous pourriez bien l'obtenir", avait menacé un des derniers remparts du stalinisme, s'adressant aux dissidents. Que Dieu, et son nouveau prophète Charlie aient pitié des pauvres bougres, perclus d'angoisses, qui sont aujourd'hui tentés de chercher refuge sous l'aile protectrice des chatelains de Montretout. Le front républicain volatilisé comme une vulgaire ligne Maginot, il faudra bien trouver un nouveau "piège à cons", comme il se disait il n'y a guère. Nul doute que d'aucuns, tout frémissants de légalité républicaine, en seront. Mais il faudra quand même bien plus que de creux discours pour que les objurgations d'un "quarteron de généraux félons"trouvent encore un écho auprès de citoyens désormais revenus de tout.