L'heure est grave. Le capitaine de pédalo ne peut même plus compter sur sa Marine, lui qui vient d'envoyer le Charles de Gaulle caboter au large de la Syrie. Dimanche prochain, il y aura donc quelques régions sous coupe réglée du FN, et non des moindres. Car quelques soient les éléments de langages concoctés cette semaine par les grands communiquants et les experts qui se piquent de stratégie électorale, on imagine mal les électeurs de gauche en PACA voter ESTROSI, ni même ceux du Nord se pâmer pour Xavier BERTRAND. Quant à donner sa voix à Dominique REYNIE, qui a si longtemps sévi à C dans l'air en sermonnant les fonctionnaires qui s'accrochent à leurs invraisemblables privilèges, on a tout bonnement du mal à comprendre qu'il se cramponne à sa misérable 3ème place... même si effectivement sa maman habite la région, et qu'il était en quelque sorte, lui l'enfant du pays, un candidat tout ce qu'il y a de plus naturel.
L'heure est à la confusion la plus extrême car de deux choses l'une: soit le FN est un si grand danger pour la République, et il faut au minimum l'interdire, instaurer l'état d'urgence dans les régions menacées, et préventivement bombarder Hénin-Beaumont, Béziers, Nice, Marseille, Charleville-Mézières... Ou il est inoffensif, respectable et tout ce qu'il y a de plus républicain, et dans ce cas, pourquoi appeler à la mobilisation, à faire barrage et tutti quanti ?
L'heure est à la panique générale car la vieille arme du vote utile est désormais aussi efficace et dissuasive que les fameuses fiches S que le monde entier nous envie.
L'heure est à la mascarade sur les plateaux télé, ou la gauche (et apparentés) se targue d'avoir "fait mieux que résister", tandis que la droite (et apparentés) se pique d'être désormais "le seul rempart contre le Front National".
L'heure est à la débandade annoncée au Parti de Gauche qui ne veut toujours pas comprendre que la France qui vote est résolument à droite, et qu'une alliance à géométrie variable avec un PC cacochyme, aggripé par le petit bout de la faucille aux vieilles lunes du communisme municipal, est une lubie de stratège en chambre.
L'heure est au rire jaune et étranglé pour le petit peuple tenu pour quantité négligeable par les penseurs de Terra Nova et consorts, et qui pourrait se porter témoin qu'au café du Commerce, il se fait parfois de meilleure politique que dans les Grandes Ecoles de la République.
L'heure est au triomphe amer pour le vieux de Montretout, tortionnaire, capteur d'héritage, réhabilitateur de chambres à gaz, qui "n'aura donc tant vécu que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers"... et plus grave encore pour voir exulter ses pires ennemis, à savoir ses rivaux en fachodie.