Après les agapes indigestes et dispendieuses des réveillons, on s'était juré de se mettre à la diète. De bouffer sain et léger. Eh bien, encore une fois, c'est raté. Les frères Kouachi -sûrement des végétaliens repentis...- nous ont concocté une solide boucherie des familles: panse de Cabu farcie à la 7,62, cervelle de Tignous à l'estouffade, plus tout un méli-mélo d'amuse-gueules affriolants... Ces chefs-là avaient à peu près autant d'humour que le cuistot d'Auschwitz, mais force est de reconnaître qu'ils ne donnaient pas dans la nouvelle cuisine: rien que du solide, du bon, du frais, de l'authentique, ce que le terroir produit de meilleur en fin de compte. Dommage qu'ils nous aient massacré ces trésors de la nature à grands coups de lardoir, de tranchoir et de hachoir. Hachoir akbar, si on veut, mais on peut aussi, tout de même, travailler joliment à la toupine, au saupoudroir, à la sabotière, à la mesurette, à la mandoline et à la louvette. Question de sensibilité, sans doute.
C'est sûr, on n'avait pas besoin de ça. D'autant que l'autre chef trois étoiles a quant à lui complètement raté son nappage à la sulfateuse. Quelle drôle d'idée aussi, d'aller faire son marché dans une épicerie kasher -où tout est hors de prix, comme chacun sait- alors qu'il y avait Rungis tout près... Et voilà le travail. Tout cela nous a donné une manif aux petits oignons avec un carré de tête persillé à souhait.
2015 sera l'année de la barbaque ou je ne m'y connais pas...