Ça ne va pas plaire aux salonnards, à tous ceux qui ne conçoivent la politique qu'en gants blancs, avec des mots choisis dans un lexique tellement étriqué qu'il ferait honte à un cancre de 3ème. Mais je tiens à rappeler, quant à moi, tout ce que l'on doit à monsieur Mélenchon, sans qui jamais une vraie gauche n'aurait resurgi du caveau (du caniveau ?) où l'avait enterrée la "gauche de gouvernement". Oui, une vraie gauche, braillarde, irrespectueuse des bonnes mœurs parlementaires, n'hésitant pas, à l'occasion à aiguillonner les bureaucraties syndicales mollement revendicatives. Une gauche vociférante, (enfin !), irrespectueuse, irrévérencieuse, car rien ne sert de faire à longueur d'années, de décennies même, des révérences et des courbettes au camp d'en face. Puisqu'en face, il s'agit bien d'un camp, au sens le plus soldatesque du terme, de plus en plus retranché, arc-bouté sur des privilèges incommensurables, mais qui ne tient plus que par la mise en soumission impitoyable de tout ce que le pays compte de média où le carriérisme le plus veule tient lieu de déontologie. Mais qui ne tient plus, ultime rempart, que par l'emploi aveugle et déchaîné des "forces de l'ordre", cosaques robotisés d'une république dévoyée jusqu'à l'indécence, tant il est aveuglant que dans les média autorisés, la question qui se pose de savoir quel ordre protègent ces forces n'a jamais droit de cité.
Alors, merci monsieur Mélenchon, qu'insidieusement, sournoisement, tout ce qui compte parmi ceux que l'on s'obstine de façon stupéfiante à qualifier d'élites, s'évertue à caricaturer en dictateur aux ordres de la Corée du nord, en tireur de ficelles machiavélique, en dynamiteur égocentrique de la NUPES, en patriarche malveillant acharné à réduire au silence, dans son propre camp, d'hypothétiques figures ouvertes au "compromis raisonnable". Car de Libé à Marianne, de France Inter (radio d’État au sens le plus Ceaucesquien du terme) au Vieil Obs, pas une voix ne manque pour condamner les "outrances", le "populisme", l'autoritarisme clanesque, les "dérapages", les "dérives" de Mélenchon. Quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, et bien que ce soit au sommet de l’État que se nichent en toute impunité l'outrance et l'autoritarisme le plus affirmé, le marigot fluctuant du centre gauche bobo n'en démord pas: le danger, c'est Mélenchon les voyous de LFI, bien plus que le RN tout compte fait, sur qui on peut compter pour ne pas toucher au cœur du système: au pire, Marine et ses escouades de nervis fréquentables, ratonneront quelque peu, puis s'assagiront, domptés par une Europe sourcilleuse sur la question des droits de l'Homme et par les marchés financiers, dont chacun sait qu'ils sont attachés à la modération en toutes choses...