Sous des prétextes divers, mais toujours sous couvert d'humanisme, nous sommes intervenus bravement au Kossovo, en Afghanistan, en Côte d'Ivoire, en Lybie, au Mali, en Centrafrique, et seules des circonstances défavorables nous ont dissuadé de parachuter Kouchner et BHL sur Damas. Les anglo-saxons (plus quelques alliés de bric et de broc), quant à eux, se sont essayés au rôle ingrat de forts des halles en Irak, avant de déguerpir assez piteusement, mission accomplie, soi-disant. Toutes ces aventures, aussi palpitantes les unes que les autres, nous avaient redonné confiance dans la force de nos armes, et de nos valeurs universelles. Nous entrions -enfin !- dans le siècle de la re-décolonisation, puisque, nous le savions, la Françafrique , qui perdurait au delà du raisonnable, n'était rien d'autre que l'autre nom des indépendances factices dont nous avions régalé le tiers-monde. Et nos armées, naguère coloniales, de se précipiter au secours, ou au chevet, de lointaines peuplades saignées aux quatre veines par des maîtres sanguinaires, quoique bon clients de nos banques "systémiques". Comme nous avons été fiers, et surpris, de découvrir en François Hollande un président-chef-de-guerre serein et déterminé, lui qui, premier secrétaire du PS, s'était illustré dans des batailles d'appareil autrement plus meurtrières... Acclamé au Mali, attendu prochainement à Damas, à Téhéran, à Pyongyang, à Malabo, La Havane...
En Crimée ?
Euh... Il va nous falloir un Kouchner en grande forme pour théoriser un droit d'ingérence relatif. Ou un Sarko gonflé à bloc pour promettre d'aller arracher avec les dents l'orient ukrainien à l'ogre russe...
Sautera ? Sautera pas ?
Sautera pas. La plus élémentaire prudence nous commande de dégoter un adversaire à notre mesure. La courbe du chômage, par exemple ?