SALEM SID AHMED

Abonné·e de Mediapart

86 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 mai 2014

SALEM SID AHMED

Abonné·e de Mediapart

Pour un Grand Prix de la plus belle "affaire"

SALEM SID AHMED

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis un citoyen réjoui. Il se passe rarement une semaine sans que je ne me dise que j'ai la chance de vivre dans un pays où il se passe toujours quelque chose. On ne peut pas en dire autant d'un tas de contrées où les plus belles affaires sont étouffées dans l'oeuf, sans parler de celles où il n'y a carrément pas d'affaires de bon calibre. Alors, je jubile, et je vote, je vote, je vote... à tours de bras, chaque fois que c'est possible, et je sais que je ne serai pas déçu: immanquablement, ceux ou celles que j'aurai contribué à faire élire nous régaleront d'une belle affaire.

Quelle jouissance, ensuite, de suivre dans MEDIAPART, par exemple, les péripéties d'untel ou d'unetelle qui aura tenu toutes ses promesses, et même au delà, parfois: il y a des gros sous, souvent, du sexe parfois, de l'ambition, de la rancune, des jalousies... Ah! quel bonheur de découvrir, au hasard d'un documentaire sur la Françafrique, comment nos plus vertueux hommes d'état guettaient avec gourmandise chaque séjour de feu Omar Bongo dans notre capitale. C'était à qui montrerait le plus d'empressement à rendre à cet illustre leader du tiers-monde une visite de courtoisie empeinte de dignité et de respect. On allait se ressourcer auprès du grand homme -on a les Gandhi qu'on peut-  et on repartait qui avec une enveloppe, qui avec une sacoche, qui avec une mallette. Omar Bongo, en quelque sorte, se rendait à Paris comme on va aux courses. Et nos élites de hennir à l'unisson, aux portes de la suite présidentielle: misez sur moi ! misez sur moi !...

A mon idée, tant de talent ne devrait pas rester sans récompense. Nous avons, en France, des prix du meilleur fromage de tête, des césars du boudin blanc ou noir, des trophées de l'assurance vie, une Golden Cup du notaire le plus sexy, mais nulle distinction n'est prévue pour rendre hommage à ceux et celles qui nous tiennent en haleine l'année durant. C'est terriblement injuste. D'autant qu'il y a largement de quoi nourrir un splendide palmarès. Quoi, au pays de l'emprunt russe, on laisserait sombrer dans l'oubli et l'opprobre un Cahuzac, un Le Floch-Prigent, un Balladur qui a tout de même vendu pour 10 millions de francs de tee-shirts ? Car, pour un Aquillino Morelle, combien de grosses pointures, de géants de l'imposture ne sont pas reconnus à la hauteur de leurs mérites ? Non, on  doit rendre à un DSK ce que le suffrage universel lui aurait bien donné si... Non, vraiment, même un Juppé qui s'est contenté de quatorze mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité, a droit à notre reconnaissance.

Je suis certain en tout cas qu'on ne manquerait pas de sponsors pour organiser ce Grand Prix de la plus belle affaire: Bouygues, Vinci, la Grande Loge de France, l'université Antilles-Guyane assureraient à l'événement une notoriété justifiée. Pour ma part, je ne donnerai aucune consigne de vote. Même si, on l'a compris, j'ai une tendresse particulière pour Monsieur Cahuzac, ce héros balzacien, as du bistouri esthétique. Pour l'ensemble de son oeuvre, et pour sa bonne bouille de pharmacien de province qui serait devenu ministre socialiste du budget en une époque troublée.

  Mais je ne tiendrai pas rigueur à ceux qui exprimeraient un faible pour DSK, ou qui, pour la bonne bouche de l'Hôtel de Ville, accorderaient leurs suffrages au Chirac de la grande époque...

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.