C'est avec beaucoup d'humilité que je m'inscris en faux contre les analyses délivrées par mes confrères experts en terrorisme (eh oui, je me suis nommé terrorologue à l'unanimité, et je n'attends plus qu'une invitation de BêêêFM pour être définitivement consacré). Donc, avec tout le respect que je dois à mes éminents collègues (dont beaucoup n'ont jamais approché un terroriste, et ne s'en portent pas plus mal), je constate que la cause fondamentale du terrorisme islamiste a été malencontreusement passée sous silence. Ainsi, on continue de gloser à perte de vue sur le phénomène de la radicalisation en milieu pénitentiaire, ou via internet, ou par la fréquentation de certains lieux de culte, et on promet pour demain des peines dissuasives pour quiconque aura affaire, de près ou de loin, avec la mouvance djihadiste. Fort bien. Mais quid du noeud du problème, s'il m'est permis de m'exprimer ainsi ?
Pour ne pas ennuyer mes lecteurs, qui ont d'autres blogs à lapider, je le résumerai ainsi: pourquoi est-ce l'Islam qui séduit autant de jeunes prêts au sacrifice suprême, et pas le christiannisme ou le judaisme, qui promettent tout autant une vie meilleure dans l'au-delà ? S'est-on sérieusement posé cette question ? Non, bien sûr. S'est-on sérieusement demandé s'il n'y avait pas mieux à faire que de sévir une fois le forfait accompli ? Pas davantage. Pourtant, un sondage effectué par l'institut Opinionway début janvier auprès d'un échantillon représentatif de 850 djihadistes nous révèle que pour 73% d'entre eux, la motivation principale est la promesse du Coran relative aux 72 vierges promises au paradis à tout bon croyant. Loin devant "faire comme dans CALL OF DUTY" (19%) et "ne sait pas" (8%).
Quels sont donc les enseignements à tirer de cette enquête, à la lumière des événements récents ? Tout d'abord que l'idéologie joue un rôle insignifiant dans ce contexte, ce qui invalide naturellement la théorie du choc des civilisations. Aussi, l'approche purement répressive a toutes les chances de se monter inefficace. De même que tout l'arsenal des mesures envisagées: surveillance accrue d'internet, traque des réseaux de financement, etc... Pour autant, la situation n'est pas desespérée, si tant est qu'on veuille bien adopter une attitude moins dogmatique et plus... marketing.
Tout le monde en conviendra, la République a largement les moyens de surenchérir sur l'offre initiale du Coran. Doublons, triplons la promesse s'il le faut: 150, 250 vierges, est-ce trop cher payer pour garantir notre sécurité ? A l'évidence, la réponse est non. Reste le risque, réel, que Daesh place la barre à 300, El Qaida à 350 et ainsi de suite. Se créerait effectivement une bulle spéculative, dans laquelle nous serions tout de même mieux armés pour soutenir l'envolée des cours.
Au plan qualitatif, nous avons également une opportunité historique de nous montrer plus généreux envers les femmes djihadistes, ainsi qu'avec les gays, auxquels aucune récompense n'est promise dans le Livre Saint. Des puceaux en veux-tu, en voilà, pour les unes, jeunes éphèbes à foison "que n'auront défloré aucun homme ni aucun djinn" pour les autres, avouez que ça aurait de la gueule !