A vrai dire, j'ai un peu hésité avant de me décider à poster ce billet. C'est que le monde où nous vivons (pour ce qui nous concerne, l'Europe occidentale), s'il est effectivement agité de toutes sortes de conflits, semble éviter comme la peste toute opportunité de conclure avec un tant soit peu de fermeté et de responsabilité. D'où, en partie, cette sensation largement répandue que le débat public s'enlise, que tout n'est qu'effet de manche , euphémismes bien pesés et petites ficelles; que les plus hauts responsables de l'Etat (que nul n'a contraints à briguer ces responsabilités, même si jésuites en diable, ils jurent n'avoir fait qu'accepter de répondre à l'appel de la Patrie...) sont positivement incapables de prendre des décisions courageuses; que la règle d'or, dans la caste politique, à force de prôner le rassemblement, est bien le sacro-saint "pas de vagues" , ou, dit autrement: attendons que ça ce calme... Oui mais... A ce compte là, je suis bien heureux de ne pas avoir la plume, l'esprit et le jugement ligotés par de quelconques ambitions électorales. Et de ce fait, je ne vois aucune raison de me priver de dire que je suis catastrophé par l'épidémie de hijabs qui semble s'être emparée de ce pays.
Appelons un chat un chat, et mieux vaut que ce chat là ne soit pas travesti en souris sous un tchador de bon aloi. La communauté musulmane pose un défi préoccupant à la société européenne, en se montrant incapable d'exclure par elle-même du domaine de la foi ce qui relève du préjugé le plus rétrograde. Ainsi en va-t-il clairement du voile, qui vise à soustraite à la concupiscence naturelle des mâles les attributs sataniques des femelles irresponsables. Naturellement, les docteurs de la Loi, chatemites, aussi faux humanistes qu'experts en manipulation, justifient moins abruptement ces pratiques d'un autre âge. Il n'en reste pas moins qu'ils s'en réjouissent comme la preuve évidente d'un regain de piété, funeste illusion, et que l'usage du voile se répand dans nos sociétés de façon vertigineuse, parallèlement avec la plus stricte observance de règles de conduite sociale d'une hypocrisie accomplie: ainsi du ramadan et de la zakat.
N'étant pas musulman, je n'ai pas vocation à appeler la "communauté musulmane" à se reprendre. Mais il me semble évident qu'elle creuse sa propre tombe, par aveuglement, par orgueil, en partie aussi en raison d'une conduite de provocation qui ne peut mener qu'à l'affrontement.Parce que de tout temps, la pratique religieuse déconnectée des réalités historiques a toujours été source de tragédies sanglantes. La vérité historique, aujourd'hui, en France, comme en Grande Bretagne, en Allemagne, en Belgique ou en en Suède est que la société a fait son chemin, en dehors des voies du préjugé sexiste, et qu'elle ne saurait tolérer qu'on lui impose pareille régression. Le fait, d'essence juridique, d'être Français est pourtant un bien piètre argument pour affirmer son droit à faire échec à la dynamique émancipatrice de la société où l'on a choisi de vivre. Le genre masculin, il est regrettable de devoir le rappeler, doit son équilibre psychologique au renoncement éclairé à ces fariboles qui ont tant fait pour perturber la recherche de l'harmonie entre les sexes, qui est la marque des sociétés apaisées.
Oui, les familles musulmanes qui, "fortes"de l'affaissement de l'autorité de l'Etat, font échec au seul progrès humain qui soit en lui-même le déterminant de tous les autres; ces femmes et ces hommes qui revendiquent le droit de mettre en péril l'ensemble des personnes qui peuvent être arbitrairement assimilées à une communauté largement fictionnelle; ces citoyens, enfin, devraient cesser de déplorer l'irrésistible régression politique qui s'annonce: ils y ont, c'est un fait, une part de responsabilité.