SALEM SID AHMED

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Billet de blog 28 novembre 2016

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Les pauvres de droite vont-ils voter FILLON ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cinq ans passés à souffrir le martyre sous Sarko, ça vous forge le caractère. Qui ne se rappelle François Fillon, alors majordome de la maison Sarkozy, essuyant sans piper mot avanie sur avanie, mis plus bas que terre par  Nicolas 1er et ses intimes: les Guéant, Hortefeux et autres maréchaux d'empire qui eux n'avaient point condition de gens de maison ? Cinq ans à ravaler son ire et son amertume, rêvant sans doute de revanche cuisante au fur et à mesure que pleuvaient les humiliations; ruminant forcément des projets à la mesure de sa psychologie de nain de foire: un jour, je serai plus fort (que Nicolas...), un jour, je (lui) montrerai que je suis plus dur, un vai dur, pas un bravache de cour de récré. Et il s'en mordra les doigts, Nicolas, de m'avoir traité en collaborateur occasionnel, alors que déjà, tout petit, suçotant ma tartine de rillettes, j'avais montré de grandes capacités. Jusqu'au sang, il se les mordra. Et quand il ne lui en restera plus (de phalanges), il pourra toujours mordiller de fureur ses ridicules talonnettes.

Même pas été capable, ce vulgaire multi-divorcé, de déceler en moi l'homme d'Etat qui attendait patiemment son heure dans l'ombre, sans faire de vagues, sans faire de vaines promesses (aller chercher la croissance avec les dents, non mais !), mais fourbissant sans mollir les armes de la Révolution à venir... Eût-il été lucide (sur mes qualités) que je me serais laissé attendrir, une fois de plus. Je me serais sans doute effacé humblement devant Lui, pour lui laisser toutes ses chances à la primaire. Oh! il ne m'en aurait pas forcément su gré, mais telles sont les grandeurs et les servitudes du métier politique. Il aurait sans doute écrabouillé ce vieux crabe de Juppé, m'aurait remercié du bout des lèvres avant d'aller fêter sa victoire au Fouquet's ou dans je ne sais quel lieu de perdition, avec ses soudards aux trognes cramoisies bardés de Rolex.

Bien sûr, je m'en serais voulu d'avoir remis en selle ce faux pur sang tout juste bon à traîner à sa remorque les vieilles cariolles du centre et les transfuges honteux de la gauche. J'aurais donc fait repentance, et pourquoi pas une petite retraite en l'abbaye de Solesmes.

Mais Dieu en a visiblement décidé autrement. Je me doutais bien qu'Il avait de grands projets pour moi. Macron et ses velleités d'incarner Jeanne n'est qu'un imposteur. C'est à moi qu'Il a parlé, et à moi seul. Bats ton peuple, m'a-t-Il soufflé, si tu ne sais pas pourquoi, lui le sait. Voilà pourquoi je suis bien sûr qu'il n'y aura nulle jacquerie quand en cent jours j'aurai maté la plèbe. Le peuple sait bien qu'il est en faute, en très grande faute. Il lui en cuira d'avoir blasphémé en actes et en paroles contre l'ordre naturel des choses. Il ne l'ignore pas et se prépare déjà à expier. Le peuple de droite, mortifié et assoiffé de rédemption, votera pour moi en masse en ce glorieux mois de mai de l'an 2017. A commencer par les moins bien pourvus en biens et richesses de ce monde, qui voudront mériter leur salut et leur délivrance. Les riches de gauche aussi, quoique pour des raisons moins spirituelles sans doute. Quant au bas peuple de gauche, celui des trente-cinq heuristes invétérés et des malades imaginaires...

J'ai toujours eu des visions. Seul, en mon froid Palais de Matignon, cerné de toutes parts par les reîtres de Nicolas qui se gaussaient sans vergogne de mes prophéties, je voyais clair en l'avenir. L'histoire de nos grands rois me soutenait autant qu'elle m'inspirait. Clovis, Saint-Louis...

Je rendrai sans doutes mes ordonnances seul, sous un chêne centenaire (d'avant 1789 s'il s'en trouve encore) dans ma chère campagne sarthoise. Je ferai le bonheur de la France en costume croisé rayé, même si cela fait un peu voyou corse des sixties, comme me le fait tendrement remarquer ma chère Pénélope. Viendront bien sûr en rangs serrés m'y faire allégeance les gueux qui n'avaient pas cru en Moi du temps où j'étais simple employé de Nicolas. Je les recevrai bien sûr courtoisement, mais sans illusions sur ces ralliements tardifs à ma personne. Seul Monsieur Poutine, qui a vu très tôt en moi le chef que je n'ai jamais cessé d'être, aura droit à mon amitié sans partage et à mon entière estime. 

Rien ne peut arrêter un peuple qui se bat pour son avenir. Avec l'aide de Dieu naturellement.

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